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NOTICE

autant pour celui qui reçoit le don divin que pour celui qui ensuite en bénéficie. Si donc le délire d’amour est à son tour un bien, il le sera tout autant pour l’aimé que pour l’amant, pour celui qui est l’objet de l’enthousiasme amoureux que pour celui qui en est le sujet : c’est ce qui avait été méconnu par la doctrine de Lysias et par celle du premier discours (cf. p. lxxiii).


La nature de l’âme.

2. Mais ce point ne peut être compris qu’à la condition de savoir ce qu’est la nature de l’âme, quelles sont ses affections et ses actions, et cela à propos de l’âme divine aussi bien que de l’âme humaine.

Son immortalité.

A. — Le point de départ de cette recherche sera une démonstration de l’immortalité de l’âme. Elle se fait en quatre moments. — a. Platon commence (245 c 6 sqq.) par distinguer, entre les choses mues et qui existent en tant qu’elles sont mues, d’une part celles qui se meuvent elles-mêmes et, de l’autre, celles qui tiennent leur mouvement d’une autre chose et le communiquent à une autre. Ces dernières cesseront d’exister dès qu’elles cesseront d’être mues, tandis que les premières ne peuvent cesser d’exister puisque leur essence est précisément d’être mues par elles-mêmes et qu’elles ne peuvent perdre leur essence. En outre, c’est d’elles seulement que les autres peuvent recevoir leur mouvement et leur existence pendant qu’elles sont mues et qu’elles existent[1]. La chose qui se meut elle-même ne peut donc périr et elle est un principe. — b. Or un principe (245 c 10 sqq.) est ce qui ne commence pas

  1. Cf. p. 33, n. 3. Si la proposition initiale était, comme dans le texte ordinairement suivi : « ce qui se meut toujours est immortel », on comprendrait mal que à ce qui se meut toujours Platon opposât (δέ) ce qui ne se meut pas soi-même mais est mû par autre chose. D’autre part, il n’y aurait pas lieu de présenter comme une conséquence (δή) que ce qui se meut soi-même ne peut cesser de se mouvoir sans cesser d’être. Au surplus, la formule employée à e 3 paraît bien signifier que l’immortalité de ce qui se meut soi-même était l’énoncé du premier théorème à démontrer et que maintenant Platon déclare avoir en effet démontré : ce qui est répété au terme de la démonstration est, semble-t-il, ce qui a dû être dit pour signifier ce qu’elle se proposait tout d’abord.