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PHÈDRE

[ou De la Beauté ; genre moral.]


SOCRATE. PHÈDRE

Prologue.

Socrate. — 227 Où vas-tu comme cela, mon cher Phèdre, et d’où viens-tu ?

Phèdre. — De chez Lysias, le fils de Céphale[1], Socrate ; et je vais de ce pas me promener hors des Murs : c’est que j’ai passé là-bas bien des heures de suite, assis depuis le petit matin ! Or, sur les conseils d’Acoumène[2], ton familier et le mien, c’est le long des grands chemins que je fais mes promenades : elles sont ainsi, dit-il, plus remontantes que celles qu’on fait b dans les préaux.

Socrate. — Et il a, ma foi, raison de le dire, camarade ! Mais au fait, il faut croire, Lysias était donc en ville ?

Phèdre. — Oui, chez Épicrate, dans cette maison, tu la vois, qui avoisine le temple de Zeus Olympien : la Morychienne[3].

Socrate. — Eh bien ! alors, à quoi passait-on le temps ? C’est d’éloquence, bien sur, que Lysias vous aura régalés ?

Phèdre. — Tu l’apprendras, si rien ne t’empêche, en poussant plus loin, de m’écouter.

  1. Céphale, dont Platon trace un vivant portrait au début du livre I de sa République, était un métèque qui possédait au Pirée une importante fabrique d’armes. Un autre de ses fils, Polémarque, chez qui se passe l’entretien sur la justice, objet de ce premier livre, sera mentionné plus bas, 257 b. Sur Lysias voir Notice, p. xiv sqq.
  2. Médecin renommé, père du médecin Éryximaque ; cf. 268 a.
  3. Épicrate, nous dit-on, était un orateur du parti démocratique. Quant à Morychus, il avait eu la réputation de mener la grande vie, et son nom était resté attaché à la demeure où s’étalait son faste.