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NOTICE

listes plus définis de la pure rhétorique et, particulièrement, de la technique du plaidoyer, comme Tisias lequel n’a peut-être pas, autant qu’on le veut parfois, le rôle d’un initiateur[1], Thrasymaque (celui dont le nom revient le plus souvent) qui était vraisemblablement déjà connu à Athènes avant que Gorgias y vînt, Théodore de Byzance enfin, qui paraît avoir été un vieux contemporain de Lysias. — Si maintenant, par rapport à ces maîtres, on tente de marquer la filiation des deux hommes qui, dans le Phèdre, sont les protagonistes de la rhétorique, c’est à Tisias qu’on rattachera Lysias, mort vers 385, et à Gorgias, Isocrate qui est encore en vie. — Notez enfin qu’à l’énumération il manque deux noms importants : celui d’Antiphon de Rhamnonte[2] qui, contemporain de Gorgias, aurait été cependant son élève et qui périt en 411 ; celui d’Alcidamas, autre disciple de Gorgias et son successeur, dit-on, à la tête de l’école, contemporain de Platon et rival d’Isocrate, un rhéteur dont nulle part Platon n’a prononcé le nom et que pourtant il a cité au moins une fois[3].

    lui, c’est le sens ou la sonorité qui fait la beauté d’un mot (2, 1405 b 7). Suivant Hermias (239, 12), il aurait appris à Polus la distinction des mots en primitifs et composés, mots de même famille, mots adjectifs, etc.

  1. En toute cette histoire des débuts de la rhétorique en Sicile, c’est en effet Corax qui, peut-être encore après Empédocle, passe pour être l’initiateur. Or Corax n’est pas nommé par Platon, à moins qu’il n’ait voulu, comme le pensait Thompson, suggérer son nom dans le passage de 273 c (cf. p. 85 n. 2) : le corbeau (corax) symboliserait cet esprit de rapine duquel est issue la rhétorique judiciaire. — Il est à remarquer qu’un argument (cf. Navarre, op. cit., p. 16-18, p. 135-140), rapporté par Platon à la Rhétorique de Tisias (273 a sqq.), l’est par Aristote (Rhét. II 24, 1402 a 12-20) à celle de Corax et qu’il l’a été, par le même Aristote (ibid. 23, 1400 b 8-16), à celle de Théodore de Byzance ! Tout cela rend sceptique à l’égard de Corax comme auteur authentique de la τέχνη en question, aussi bien d’ailleurs qu’à l’égard de toute attribution qui ne concerne pas une époque récente.
  2. Platon le nomme dans le Ménexène (236 a) comme un très bon maître de rhétorique. Étant admis qu’il serait l’auteur des Tétralogies, qui seules intéressent l’histoire de la rhétorique, il n’y a pas à se demander s’il est distinct (ce que je ne crois pas) d’Antiphon le Sophiste, dont on connaît d’autres écrits.
  3. Banquet 196 c (cf. p. 52, n. 1 et Notice, p. lxviii n. 1). Il est