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cxlix
NOTICE

pos de nos âmes humaines ; elle est conçue essentiellement comme universelle, attendu qu’elle est, en tant qu’automotrice, le principe premier du mouvement et de l’ordre des mouvements dans l’univers. Une parenté réelle existe donc entre la combinaison du mythique et du logique qu’on trouve, concernant l’âme, dans ce morceau central du Phèdre, et une semblable combinaison dans le Timée, embrassant à la fois et l’âme et la Nature. Le Phèdre ne prétendait donner qu’une « image » de la nature de l’âme, rien de plus qu’une façon vraisemblable de se la représenter (246 a) ; c’était là un divertissement et un jeu (265 c, cf. 262 d déb.). De même, à des exigences préliminaires de la raison le Timée combine un mythe simplement vraisemblable (27 d-29 d, 68 d) ; en le faisant on se livre à un divertissement, à un jeu (59 cd, 72 de). Ainsi tout ce qui constitue la partie mythique de ce dialogue, c’est-à-dire presque tout, serait un exemple de ce que réclame le Phèdre : une extension à la Nature et au Tout de la rhétorique philosophique, en tant précisément qu’elle est une « psychagogie » et que l’âme est son objet.

Ses conditions.

Mais la connaissance vraie de son objet, l’âme, n’est pour cette nouvelle rhétorique que la première de ses conditions. La seconde est qu’elle dise au moyen de quoi l’âme agit ou pâtit et de quelle façon il lui est propre d’agir ou de pâtir (271 a). Cette condition est la même que pour le vrai médecin à l’égard de son objet : il doit savoir par quels effets se manifeste la nature du corps tant qu’elle n’est pas pervertie par quelque désordre et, d’autre part, à la fois quelles causes troublent cette nature et quelles causes, neutralisant les précédentes, rétablissent en elle santé et vigueur ; drogues ou régime et exercices sont à leur tour des causes qui, déterminées par lui, serviront à conserver la santé ou à la restaurer par une action appropriée. De même en est-il pour l’âme : si ce par quoi elle agit ou ce qui agit sur elle ce sont des discours et des pratiques, de telles causes ou de tels effets sont assortis à sa nature : tous les mouvements d’ordre physique qui constituent nos actions résultent en effet de ces mouvements, d’ordre moral qui, comme on l’a vu, sont les mouvements propres de l’âme (270 b ; cf. p. cxxi). Ainsi donc, dans le cas qui nous occupe, ce par quoi une âme agit sur une