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NOTICE

nulle raison d’être, que sont leurs discours « épidictiques ». Quant à lui, il les apprendra par cœur ou bien il s’essaiera à les reconstituer d’après un canevas : ce qui est précisément, au début du dialogue, l’occupation à laquelle se livre Phèdre sur l’Érôticos écrit par Lysias (269 bc ; cf. 268 b sqq., 271 bc, sq., 277 c, 278 b-e et, d’autre part, 228 a, c-e ; voir p. xxvii n. 1 et p. xlviii n. 1).

Ainsi donc, ni par leurs œuvres, ni par leur enseignement les maîtres de rhétorique ne manifestent qu’il existe en fait un art rhétorique fondé sur un savoir défini, comportant des règles précises, capable enfin d’être enseigné. S’il doit y avoir un tel art de la parole, c’est d’un autre côté qu’il faudra le chercher et c’est par d’autres voies qu’on pourra l’atteindre (269 cd, cf. 271 a).

II. Plan d’une rhétorique nouvelle. — Or cet art, on a le pressentiment, solennellement affirmé, qu’il existe en droit ; qu’un imposteur en a usurpé la place ; qu’il n’a qu’à faire valoir ses titres, à prouver qu’il est la rhétorique dont une philosophie authentique serait le fondement (267 e sq., cf. 257 b et 276 e fin).

Son objet.

Comme c’est en effet pour la parole sa fonction propre de conduire les âmes, d’être une « psychagogie », on dira que l’âme est l’objet propre de la vraie rhétorique (271 c). Mais, tandis que l’autre se fonde sur la pure vraisemblance et emploie l’illusion à produire la persuasion, celle-ci entend n’appuyer sa « psychagogie » que sur la connaissance de la vérité de tout sujet auquel s’appliquera le discours (259 e, cf. 260 e fin). À l’égard de son objet, l’âme, elle se comportera donc comme le fait la médecine à l’égard du sien, qui est le corps (270 b, cf. 268 a-c), comme du reste se comporte tout art digne de ce nom, soit qu’il produise une œuvre, soit qu’il enseigne à autrui la manière de s’y prendre (270 d déb.). Aussi commencera-t-elle par analyser la nature de son objet : c’est ce qu’a fait Socrate quand il a voulu prouver dans son second discours que le plus beau de tous les délires est celui qui est inspiré par l’amour (cf. 245 c-249 d). D’abord, l’objet est-il simple ou ne l’est-il pas ? S’il l’est, quelle est sa propriété, soit à titre d’agent, soit à titre de patient ? S’il est composé, quelles sont les natures simples dont il est formé ?