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NOTICE

question de la cause une réponse simple, sûre, infaillible (100 c-e). — Expliquer en effet la production de quoi que ce soit, c’est rendre intelligible cette production ; on explique donc d’une façon incontestable quand on relie la chose produite à ce qu’il y a en elle d’intelligible, c’est-à-dire à son essence propre. L’opération de la participation peut être en elle-même mystérieuse ; elle n’en révèle pas moins aux yeux de Platon la seule causalité dernière, celle de la forme logique ou de l’Idée de la chose. Ainsi la causalité finale ou du bien, tout à l’heure déterminée comme efficiente (cf. 99 c), réside dans la cause formelle.

Après avoir posé en général cette conséquence de l’existence de réalités idéales, Socrate l’applique aux exemples particuliers qui lui ont servi en mettre en relief les insuffisances de la méthode des Physiciens[1] : la cause qui véritablement fait que ceci est grand et cela petit, c’est que l’un a part à la Grandeur et l’autre à la Petitesse ; ce qui rend intelligible la production du 2, c’est sa participation à l’essence de la Dualité ; l’existence enfin de l’unité a pour cause la participation à l’Idée de l’unité (100 e-101 c).

Ces dernières considérations sont remarquables : elles impliquent en effet la conception sur laquelle se fondera plus tard cette théorie des Nombres idéaux à laquelle Platon a, d’après Aristote, donné dans l’enseignement de sa vieillesse une place prépondérante. D’un autre côté, et précisément parce qu’elles concernent des objets mathématiques, elles conduisent Platon à formuler avec une précision nouvelle la méthode dont il avait fait l’application à l’objection de Simmias et dont il avait déjà esquissé la technique (cf. 100 a). La réalité de cette connexion paraît incontestable quand on rapproche l’exposé du Phédon des analyses plus complètes des livres VI et VII de la République (511 a, 539 b), où il se préoccupe de déterminer exactement quel usage différent font de cette méthode les mathématiques d’une part et, de l’autre, la dialectique. Pour l’instant, voici quelles en sont

    ton a laissé la nature même de la participation. En revanche, c’est l’exposition du Phédon qui est la base du célèbre morceau du De gen. et corr. II 9, 335 b, 9-16 : la cause motrice est nécessaire pour expliquer la génération, et les Idées n’en peuvent tenir lieu.

  1. À quelles chicanes elle prête le flanc, Socrate en donne un exemple, qui fait rire Cébès, 101 ab.