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Le système vocalique

§ 120. Le trait le plus saillant du système vocalique est la répar­tition en voyelles d’avant (dont l’une, ɪ, est légère­ment rétractée) et voyelles mixtes d’avant d’une part, voyelles d’arrière (dont certaines, , ɔ, ʌ, et, dans une mesure, λ, sont légère­ment avancées) et voyelles mixtes d’arrière, d’autre part.

L’écarte­ment des mâchoires et la distance entre les lèvres varie considé­rable­ment en fonction de la hauteur des voyelles, les voyelles hautes étant fermées, les voyelles basses et ultra­basses très ouvertes (il faut aussi tenir compte du facteur arrondis­se­ment). Les lèvres sont par ailleurs plus tendues sur les dents (les coins de la bouche tirés en arrière) pour les voyelles d’avant, plus lâches, même quand elles ne sont pas arrondies, pour les voyelles d’arrière. Pour chaque voyelle en parti­culier, voir plus loin.

Là où il existe des variétés arrondies et désarrondies de la même voyelle, comme c’est le cas pour λ et , ʌ et ɔ (il n’existe pas de voyelles d’avant arrondies), cette dualité est due à la nature des consonnes voisines (cf. §§ 170 et 181), et ne joue aucun rôle séman­tique.

Il en va de même pour bien des variétés d’un même type vocalique différant entre elles soit par la hauteur et l’ouverture, soit par une position légère­ment rétractée ou avancée : comme on le verra sous chaque voyelle, ces diffé­rences sont le plus souvent dues soit à l’influence des consonnes voisines, comme c’est le cas pour i, ɪ, ï, ou ɑ, a, α, soit à la diffé­rence de quantité (, mais e꞉), soit à des varia­tions indivi­duelles (ë ou ä dans les diph­tongues). Si bien que les opposi­tions voca­liques sémanti­que­ment utili­sables consti­tuent un système assez pauvre (voyelles hautes, moyennes ou basses, ultra­basses) et surtout peu net, du moins en ce qui concerne les voyelles brèves. Aussi jouent-elles dans la morpho­logie et le vocabu­laire un rôle bien moins important que les opposi­tions qu’offrent le système conso­nantique, et dont il a été question plus haut (Ire Partie, chap. i et ii).

§ 121. Exemples de mots diffé­renciés par le timbre de la voyelle : voyelle longue (opposi­tions nettes et relativ­ement fré­quentes).

dɑ꞉ (dá) « si ». do꞉ (dóghadh) « brûler ».
mɑ꞉ (má) « si ». mo꞉ (mó) « plus grand ».