ouverte, p. ex. שֵׁחֵת*[1]. Si donc la voyelle de syllabe aiguë demeure, c’est qu’il y a en réalité un certain redoublement, une certaine prolongation de la consonne[2]. Cette raison est encore plus forte dans le cas du redoublement virtuel spontané d’une gutturale (p. ex. אַחִים, § 20 c) où l’on ne peut guère supposer un ancien redoublement réel[3]. La consonne un peu prolongée n’est pas longue, car alors on aurait le dagesh ; elle n’est pas brève, car alors la syllabe serait ouverte et l’on aurait une voyelle de syllabe ouverte ; elle est donc moyenne. Il n’y a rien de bien étonnant à ce qu’une langue qui a une série de voyelles moyennes (◌ָֽ, ◌ֵ, ◌ֹ) ait aussi des consonnes moyennes, intermédiaires entre la longue et la brève. Pour indiquer graphiquement ce phénomène on pourrait transcrire, p. ex. ha̦ī̯̆elåḏīm ou ha̦yyelåḏīm.
c Le redoublement fort (marqué par le dagesh fort) peut être nécessaire ou euphonique (§ h)[4]. Le redoublement nécessaire se trouve dans les cas suivants :
- 1) quand une consonne serait suivie immédiatement de la même consonne, p. ex. nåta̦n + nu = נָתַ֫נּוּ (entre les deux נ il n’y a aucun élément vocalique) ; kåra̦t + ti = כָּרַ֫תִּי (§ 42 e).
- 2) quand il y a assimilation, p. ex. יִתֵּן pour i̯intẹn.
- 3) quand le redoublement est demandé par la nature même de
- ↑ Le raisonnement suppose qu’il y a un rapport étroit entre la voyelle et la syllabe (cf. § 28 a).
- ↑ Pour le cas d’une consonne finale, cf. § l.
- ↑ De l’araméen biblique, où le redoublement virtuel existe comme en hébreu, il ressort que ce redoublement n’était pas nul, mais était un semi-redoublement, une prolongation moyenne. En effet, ce redoublement virtuel, comme le redoublement fort, peut être résolu en n + consonne. De même que יִדַּע*, מַדַּע*, se résolvent en יִנְדַּע, מַנְדַּע, une forme comme לְהֶֽעָלָה pour faire entrer (inf. hafel de עלל) peut se résoudre en לְהַנְעָלָה (Dn 4, 3).
- ↑ Ces termes anciens (dagesh necessarium, dagesh euphonicum), conservés ici, sont assez imparfaits : nécessaire ne s’oppose nullement ici à facultatif, et parmi les dagesh nécessaires tous (sauf le 3e, qui est organique) sont demandés par l’euphonie. — Dans certains manuscrits on trouve encore d’autres espèces de dagesh, d’invention postérieure, qu’on peut appeler emphatiques (cf. Luzzatto, Prolegomeni ad una grammatica della lingua ebraica (1836), p. 197 sq.).