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Proposition adversative — Proposition exceptive

leras plus Abram, mais Abraham sera ton nom וְהָיָה ; avec we… qatal : (après négation) : Gn 42, 10 Non, mon seigneur, mais les serviteurs sont venus וַֽעֲבָדֶ֫יךָ בָּ֫אוּ ; avec une forme anormale[1] weqatálti (au lieu du normal we… qatálti) : 1 R 3, 11 (après proposition négative) : Tu n’as pas demandé… mais tu as demandé וְשָׁאַ֫לְתָּ ; 2 R 8, 10 וְהִרְאַ֫נִי mais Jéhovah m’a fait voir ; Éz 20, 22 וַֽהֲשִׁיבֹ֫תִי mais j’ai fait revenir.

b Pour une nuance plus forte mais, on emploie parfois אוּלָם, וְאוּלָם : Job 1, 11 mais étends la main (= 2, 5) ; Gn 48, 19 ; Ex 9, 16.

c Après une négation, l’idée de mais est exprimée souvent par כִּי[2], souvent aussi par כִּי אִם[3] qui a peut-être une nuance un peu plus forte[4]. Exemples avec כִּי : 2 S 20, 21 לֹא־כֵן הַדָּבָר כִּי la chose n’est pas ainsi, mais…[5] ; Gn 18, 15 ; 19, 2 ; Jos 5, 14 ; Am 7, 14. Avec כִּי אִם : Gn 32, 29 לֹא יַֽעֲקֹב יֵֽאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ כִּי אִם־יִשְׂרָאֵל tu ne t’appelleras plus Jacob, mais bien Israël (opp. 17, 5 et 15) ; 15, 4 ; Dt 7, 5 ; 1 S 2, 15 ; 8, 19 ; Ps 1, 2.

d Sur l’emploi de l’inf. absolu pour souligner une opposition cf. § 123 i.

§ 173. Proposition exceptive.

a Pour introduire une exception après une proposition positive on emploie surtout אֶ֫פֶס כִּי excepté que : Am 9, 8 אֶ֫פֶס כִּי לֹא הַשְׁמֵיד אַשְׁמִיד sauf que je n’anéantirai pas ; Nb 13, 28 ; Dt 15, 4 ; Jug 4, 9. On a

  1. Cf. § 119 z. Ici weqatálti serait-il dû à l’idée adversative ? (cf. Davidson, § 58 b). Ce serait alors le cas symétrique du cas de synonymie.
  2. Le sens adversatif provient probablement du sens causal, et a dû naître dans des cas où il y a équivalence pratique entre car et mais : Gn 17, 15 Sarai̯ ta femme, tu ne l’appelleras plus Sarai̯, car (= mais) Sara est son nom. C’est ainsi que lat. enim aboutit au sens de mais. Dans 1 R 21, 15, après un premier כּי au sens de car, cette explication paraît toute naturelle.
  3. Le sens adversatif provient probablement du sens exceptif (§ 173 b), d’abord dans des cas comme Ex 12, 9 : N’en mangez pas qui soit à demi-cuit ni bouilli dans l’eau, si ce n’est (= mais) rôti au feu. Comp. dans le N. T. εἰ μή si ce n’est employé au sens de mais : Mt 12, 4 ; Luc 4, 26. En italien se non che aboutit au sens de mais (en tête de phrase).
  4. D’après Kropat, Syntax der Chronik, p. 31, le Chroniqueur évite כִּי אִם pour mais, ne l’employant qu’au sens exceptif.
  5. Par extension כּי prend souvent la nuance adversative, en vertu du contexte. Ainsi dans cet exemple, si l’on supprimait les trois mots qui précèdent, כּי aurait encore la nuance adversative en vertu du contexte (cf. v. 20).