L’emploi exclamatif de מִי יִתֵּן qui donnera ? est une particularité notable de l’hébreu. Dans certains cas le sens plein donner etc. est conservé, dans d’autres cas il est atténué ou même effacé, de sorte que מִי יִתֵּן devient une formule optative au sens de utinam ! plût à Dieu ! Avec le sens plein de donner etc. : Jug 9, 29 מִי יִתֵּן אֶת־הָעָם הַזֶּה בְּיָדִי Ah ! si l’on mettait ce peuple dans ma main ![1] ; avec sens atténué : Ps 55, 7 Ah ! si l’on me donnait des ailes = Ah ! si j’avais des ailes ; avec sens effacé : Dt 28, 67 מִי־יִתֵּן עֶ֫רֶב que ne suis-je au soir ! ; avec deux accusatifs : Nb 11, 29 מִי יִתֵּן כָּל־עַם יְהֹוָה נְבִיאִים plût à Dieu que tout le peuple de Jéhovah fût prophète ! ; Jér 8, 23 ; avec suffixe verbal : Job 29, 2 מִֽי־יִתְּנֵ֫נִי כְיַרְחֵי קֶ֑דֶם que ne suis-je comme aux mois d’autrefois ! L’idée verbale est exprimée par le participe dans Job 31, 35 מִי יִתֶּן־לִי שֹׁמֵעַ לִי que n’ai-je quelqu’un qui m’écoute ! ; par l’infinitif construit : 2 S 19, 1 מִֽי־יִתֵּן מוּתִי אֲנִי תַחְתֶּ֫יךָ que ne suis-je mort à ta place ! (cf. § 146 d) ; Ex 16, 3 ; par un verbe fini : au parfait : Job 23, 3 מִֽי־יִתֵּן יָדַ֫עְתִּי ah ! si je savais ! ; au yiqtol : 6, 8 מִֽי־יִתֵּן תָּבוֹא שֶֽׁאֱלָתִי ah ! si ma demande arrivait ! ; enfin מִי יִתֵּן peut être suivi d’un waw : Dt 5, 26 מִֽי־יִתֵּן וְהָיָה לְבָבָם זֶה לָהֶם puissent-ils conserver ce cœur ! ; Job 19, 23 (équivalent d’une proposition-objet, § 177 h).
a On ne notera ici que certaines nuances particulières d’affirmation ; pour l’affirmation solennelle du serment cf. § 165.
Outre les adverbes אָמְנָם vraiment, אַךְ assurément, sans aucun doute (1 R 22, 32) etc., on emploie pour renforcer l’affirmation l’adverbe démonstratif הִנֵּה (הֵן) voici[3] : Ps 121, 4 הִנֵּה לֹא־יָנוּם certes, il ne dort pas ; Gn 12, 11 הִנֵּה־נָא יָדַ֫עְתִּי certes, je sais ; 16, 2 ; 47, 23 (הֵן) ; Éz 16, 44 ; Ct 1, 16 הִנְּךָ יָפֶה oui, tu es beau ; 4, 1.
- ↑ Pour l’apodose וְאָסִ֫ירָה cf. § 116 c.
- ↑ Nous disons proposition d’affirmation (= d’assurance), plutôt que proposition affirmative (opp. à négative), parce que l’affirmation dont il est ici question peut avoir une forme négative, p. ex. Certes, il ne dort pas (Ps 121, 4).
- ↑ Comparer l’emploi analogue en arabe du mot correspondant إِنَّ ʾinna « voici, certes », au sens faible. Comme force, ce mot correspond plutôt à כּי, § b.