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Proposition interrogative

Remarque. L’interrogation disjonctive est parfois un simple procédé de style, employé dans le cas de parallélisme synonymique, p. ex. Gn 37, 8 ; surtout en poésie : Is 10, 15 ; Jér 5, 29 ; Job 4, 17 ; 6, 5 sq. ; 8, 3 ; 10, 4 sq. ; 11, 2, 7 ; 22, 3.

f Dans l’interrogation indirecte on emploie soit le הֲ de l’interrogation directe, soit אִם si. אם s’emploie notamment quand il y a quelque verbe sous-entendu : Esd 2, 59 Ils ne purent établir leur famille et leur filiation [de façon qu’on sût] s’il faisaient partie d’Israël ; Ex 22, 7 b [de façon qu’on sache] s’il n’a pas porté la main sur la chose d’autrui (ici אִם־לֹא n’est pas celui du serment ; de même 22, 10 ; Job 1, 11 [et l’on verra bien] s’il ne te maudit pas).

Après רָאָה voir on a tantôt הֲ (Ct 6, 11), tantôt אִם (7, 13 en contexte semblable).

Exemples de הֲ : après יָדַע savoir Dt 8, 2 ; נִסָּה éprouver Ex 16, 4[1].

Exemples de אִם : après דָּרַשׁ rechercher 2 R 1, 2 ; בִּקֵּשׁ chercher Jér 5, 1 ; בָּחַן éprouver Mal 3, 10.

Pour la disjonction on a הֲ dans le premier membre, dans le second : אִם Nb 13, 18 b β ; הֲ 13, 18 b α ; אוֹ Eccl 2, 19.

g Remarque. D’une façon générale, les mots interrogatifs peuvent s’employer aussi dans l’interrogation indirecte, p. ex. מָה quoi Nb 13, 18 a ; מִי qui Gn 43, 22 ; מָתַי quand Ex 8, 5 ; אֵי־זֶה 1 S 9, 18 ; Jér 6, 16 ; cf. Ps 121, 1 (avec verbe sous-entendu) מֵאַ֫יִן [pour voir] d’où viendra ; Jos 2, 4.

h Interrogations particulières. לָ֫מָּה pourquoi ?, qui est employé d’une façon très large (p. ex. Ex 32, 12 ; 2 S 13, 26 ; cf. § a N), évolue vers le sens négatif pour que… ne pas[2] : 1 S 19, 17 laisse-moi partir : pourquoi te tuerais-je ? = pour que je ne te tue pas (de peur que…) ; 2 S 2, 22. En hébreu postérieur, avec le relatif servant de liaison, il a nettement ce sens : Ct 1, 7 שַׁלָּמָה μήποτε ; Dn 1, 10 אֲשֶׁר לָ֫מָּה μήποτε (= aram. דִּי־לְמָה Esd 7, 23 ; syr. dale ܕܰܠܡܳܐ).

i מַה־לְּךָ qu’as-tu ? etc. se construit de différentes manières : avec כִּי : 1 S 11, 5 מַה־לָּעָם כִּי יִבְכּוּ qu’a le peuple à pleurer ? ; rarement avec ל et infinitif : Ps 50, 16 מַה־לְּךָ לְסַפֵּר חֻקָּ֑י qu’as-tu à parler lon-

  1. Étrangement après הִגִּיד faire connaître Gn 43, 6.
  2. En arabe مَا « quoi ? » est aussi négation ne… pas. Comp. le passage au sens négatif dans אַ֫יִן 1) originairement où ? ; 2) il n’y a pas, § 154 k.
        P. Joüon, Gramm. de l’hébreu bibl.