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Accord du verbe

f Avec un pluriel d’excellence ou de majesté (§ 136 d) le verbe se met généralement au singulier (toujours dans la langue postérieure) : 1 Ch 17, 21 הָלַךְ הָֽאֱלֹהִים (mais parall. 2 S 7, 23 הָֽלְכוּ־אלהים) ; 1 R 12, 28 אֱלֹהֶ֫יךָ אֲשֶׁר הֶֽעֱל֫וּךָ ton Dieu qui t’a fait monter (plutôt que tes dieux) ; Ex 21, 4 אֲדֹנָיו יִתֵּן ; v. 29 בְּעָלָיו יוּמַת.

g Les noms pluriels (surtout fém.) de choses ou d’animaux peuvent être considérés comme équivalant à des collectifs ; le verbe se met alors au fém. sing. Les exemples sont assez peu nombreux, surtout en prose simple : Joël 1, 20 בַּֽהֲמוֹת שָׂדֶה תַּֽעֲרֹג les bêtes sauvages brament ; Is 59, 12 חַטֹּאותֵ֫ינוּ עָֽנְתָה בָּ֫נוּ nos péchés ont témoigné contre nous[1]. Autres ex. après le nom : Gn 21, 30 ; 49, 22 (poét.) ; Jér 48, 41 ; 49, 24 (deux synonymes : fém. sg. et m. pl.) ; Pr 15, 22 ; 20, 18 ; Job 12, 7 ; 20, 11 ⸮ (après un premier verbe au pl. !) ; 41, 10. Avant le nom : 2 S 24, 13 ; Is 34, 13 ; Jér 4, 14 ; 12, 4 ; Ps 18, 35 ; 37, 31 ; 103, 5 ; Job 14, 19 ; 27, 20.

h Remarques. 1) Quand la forme du parfait 3e fém. sing. et celle de la 3e p. pl. ne diffèrent que par la dernière consonne comme קָ֫מָה et קָ֫מוּ on a généralement un qeré demandant la forme du pluriel, p. ex. 1 S 4, 15 עֵינָיו קָ֫מָ֯ה, QOr קָמוּ (éd. Kittel) ; Dt 21, 7 ; Jér 2, 15 ; 51, 29 (éd. Ginsburg) ; Ps 73, 2, mais non Gn 49, 22 ; Jér 48, 41 (cf. § 42 f).

i 2) Dans le cas où un nom pluriel est suivi d’un génitif singulier, le sing. du verbe a pu être causé totalement ou partiellement par le sing. du génitif : 2 S 10, 9 הָֽיְתָה (probt d’après מִלְחָמָה) ; Éz 26, 11 תֵּרֵד ⸮ (p.-ê. influence du génitif עֻזֵּךְ) (cf. § n).

j Assez souvent la forme verbale reste non fléchie (sing. masc.) quand elle précède le nom, surtout si elle est séparée du nom par un ou plusieurs mots[2]. Cette construction, assez rare quand il s’agit de personnes, se trouve surtout en poésie et en prose élevée. En prose simple elle se trouve principalement avec le verbe הָיָה (surtout forme

  1. Ici עָנוּ a p.-ê. été évité afin de ne pas avoir trois fois la finale nu.
  2. Le verbe a alors une sorte de valeur impersonnelle, comme dans le fr. il est arrivé de mauvaises nouvelles ; il manque deux francs ; dans l’ital. manca due lire ; mi è venuto voglia. Psychologiquement on pense d’abord à l’idée verbale seule, puis au sujet précis.