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Voyelles : timbre

nétiquement il appartient à la classe i. Au point de vue de la prononciation, il n’y a aucune différence entre le ◌ֶ provenant de a, p. ex. dans אֶחָד ʾäḥåḏ = ʾe̦ḥåḏ et le ◌ֶ provenant de i ou , p. ex. dans be̦n בֶּן fils (de בִּן, בֵּן). Quand il provient d’un a, le ◌ֶ peut se transcrire étymologiquement ä.

La voyelle ◌ַ est un a ouvert, voisin de la voyelle ◌ֶ , avec laquelle il alterne fréquemment[1].

La voyelle ◌ָ est un o ouvert, comme dans le fr. sort, pomme, bonne, l’ital. buo̦na, l’angl. do̦ll « poupée » (comp. p. ex. all « tous » avec un son å assez voisin). La voyelle ◌ָ provient soit d’un u bref primitif, soit d’un a bref primitif. Quand elle provient d’un a on peut l’écrire (conventionnellement) ◌ָֽ avec meteg (§ 14), et la transcrire (étymologiquement) par å. Mais phonétiquement, au point de vue du timbre, å se confond avec dans la tradition de Tibériade[2]. (Pour le détail, cf. § j).

  1. Dans la prononciation babylonienne le est devenu ä (= ) ; cf. Bauer 1, p. 100. Nous verrons (§ i) que dans la prononciation de Tibériade, l’altération a porté au contraire sur l’ fermé, qui est devenu å (= ). La symétrie des deux phénomènes est remarquable.
  2. Si l’on veut s’en tenir à la tradition de Tibériade il faut prononcer tous les ◌ָ avec le même timbre (mais avec une quantité variable suivant les cas). Beaucoup de Juifs prononcent le ◌ָֽ, provenant d’un a primitif, comme un a (et pratiquement comme le ◌ַ ). L’origine de cette prononciation ne peut guère être une préoccupation étymologique ou un souci pédagogique. C’est un élément d’une prononciation non tibérienne, probablement babylonienne, dans la prononciation de Tibériade. La distinction de ◌ָ en deux timbres et a, contraire au système de Tibériade, est déclarée fausse par plusieurs grammairiens récents. Déjà Ibn Ezra († 1167) reconnaissait que la prononciation du ◌ָֽ comme a est vicieuse. (Cf. Bacher : Abr. Ibn Ezra als Grammatiker, 1892). Voir sur cette question J. Derenbourg dans Journal asiatique, 6e série, 13 (1869) p. 513 sq. ; Bergsträsser, § 10 a ; Bauer, 1, p. 100. Peut-on espérer que la prononciation scientifique finira par l’emporter, du moins, chez les chrétiens, sur la prononciation fautive devenue comme traditionnelle ? C’est douteux, en particulier parce que la double prononciation du ◌ָ a l’avantage pédagogique d’obliger le débutant à reconnaître immédiatement si le ◌ָ vient d’un u ou d’un a. — Dans cette grammaire nous transcrivons ◌ָ phonétiquement par , étymologiquement par ou å selon les cas. En dehors des transcriptions nous écrivons simplement a pour å, selon l’usage reçu, p. ex. dans les termes de grammaire qameṣ, ḥaṭef, au lieu de qåmẹṣ, ḥåṭẹp̄.