Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ij
24
Voyelles primitives et voyelles hébraïques
Évolution des voyelles primitives en hébreu, suivant le type de syllabe

Il ressort de ce tableau que les longues primitives restent longues en hébreu ; quant aux brèves primitives, ou elles restent brèves (en syllabe fermée), ou elles deviennent moyennes (en syll. fermée tonique [souvent] et en syll. ouverte). Les voyelles moyennes hébraïques sont donc des voyelles brèves primitives devenues en hébreu un peu plus longues que les brèves soit primitives, soit hébraïques.

Quant au timbre, les voyelles longues primitives ī, ū sont conservées en hébreu, p. ex. *i̯adīn > יָדִין « il jugera », *i̯aqūm > יָקוּם « il se lèvera ». Mais ā est devenu généralement ọ̄, p. ex. *šalām > שָׁלוֹם « paix », *qāṭil > קֹטֵל « tuant », rarement å̄, p. ex. *kitāb > כְּתָב « un écrit » (mot aramaïsant). Les voyelles brèves primitives a, i, u se maintiennent souvent[1] en syllabe fermée atone, p. ex. type מַלְכִּי, type סִפְרִי, ordinairement en syllabe aiguë atone, p. ex. יַמִּים « mers », אִמּוֹת « mères », חֻקִּי « mon droit ». Mais en syllabe fermée tonique (souvent) et en syllabe ouverte, leur timbre (comme leur quantité) est altéré ; elles deviennent les moyennes å (= ), , . Exemples en syll. fermée tonique : יָם « mer », אֵם « mère », חֹק « droit » ; en syllabe ouverte : שָׁלוֹם, עֵנָב, גְּבֹהָה « haute » de *gabuha(h).

On remarquera que l’altération de ạ̄ en ọ̄ et celle de en (å) sont parallèles : chacune des deux voyelles primitives devient plus fermée de deux degrés. Au contraire les deux voyelles symétriques primitives i, u en devenant , s’ouvrent d’un degré, en devenant , s’ouvrent de deux degrés.

j De la voyelle ◌ָ en particulier. Cette voyelle présentant des difficultés spéciales, à cause de sa double origine, demande quelques explications complémentaires (cf. § d). Le signe ◌ָ est une déformation

  1. Mais u beaucoup moins souvent que a, i ; ainsi dans le type nominal *qutl on a ordinairement קָטְלִי, p. ex. קָדְשִׁי ; dans le type verbal i̯uqtal on a יָקְטַל plutôt que יֻקְטַל.