Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
94 j — 95 c
Nom avec suffixes — Flexion du nom

Les suffixes du nom pluriel, plus longs et plus sonores, se sont introduits parfois dans des noms singuliers, notamment dans des noms en וּת[1] : זְנֽוּתֵיכֶם Nb 14, 33 ; אַלְמְנוּתַ֫יִךְ Is 54, 4 (p.-ê. pour l’assonance avec עֲלוּמַ֫יִךְ) ; תַּזְנוּתַ֫יִךְ Éz 16, 15, 20 (qeré) ; תַּזְנוּתֶ֫יהָ 23, 7 ; שְׁבֽוּתֵיכֶם Soph 3, 20 ; — dans des noms en aṯ[2] : עֲצָתָ֑יִךְ Is 47, 13 ; — Éz 35, 11 ; Ps 9, 15 ; Esd 9, 15.

§ 95. Flexion du nom.

a Un nom, en passant de l’état absolu à l’état construit, en prenant les finales du pluriel ou du duel, en prenant les suffixes, subit généralement des modifications dans sa vocalisation. L’ensemble de ces modifications pour un même nom constitue sa flexion. Ces modifications sont causées par le déplacement, la diminution ou la suppression du ton. Elles sont soumises aux lois exposées dans la Phonétique ; l’application ainsi que les anomalies seront signalées à propos des divers paradigmes.

b On verra que, dans plusieurs types de flexion, la vocalisation n’est pas la même avec les suffixes lourds כֶם, כֶן, הֶם, הֶן, et avec les suffixes légers ; il y a un thème du nom avec suffixes lourds et un thème avec les suffixes légers. Généralement le thème avec suffixes lourds est l’état construit, et le thème avec suffixes légers est le thème de l’état absolu, p. ex. : cst. מַלְכֵי, מַלְכֵיכֶם ; abs. מְלָכִים, מְלָכַי (cf. § 96 A b N). Le thème avec suffixes légers est souvent moins abrégé que l’état construit (ainsi dans l’exemple cité) ; parfois même le thème avec suffixes lourds est moins abrégé que l’état cst., p. ex. pluriel abs. מַצֵּבוֹת stèles, cst. מַצְּבוֹת, מַצֵּבֽוֹתֵיהֶם (et מַצֵּֽבֹתָם).

c Pour la répartition des voyelles, on remarquera une grande différence entre le nom et le parfait sans suffixes. De deux voyelles moyennes qui peuvent tomber, dans le nom c’est la première, dans le parfait c’est la seconde qui tombe (§ 30 e), p. ex. :

Nom : דָּבָר, דְּבָרִם ; זָקֵן, זְקֵנָה, זְקֵנִים.

Parfait : קָטַל, קָֽטְלָה, קָֽטְלוּ ; — כָּבֵד, כָּֽבְדָה, כָּֽבְדוּ.

  1. Cependant un vrai pluriel n’est pas absolument impossible, d’après König, Syntax § 258 f.
  2. Mais peut-être faut-il vocaliser au pluriel, p. ex. עֲצֹתָ֑יִךְ.