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Eh quoi ! ne peut-on dire d’un pontife qu’il est poëte sans porter contre lui un faux témoignage ? En vérité, cela est fort. Par la vie de l’espiègle Lanfusa, si l’on ne veut pas me dire quels sont ces gens si bien drapés dans leur toge, avec bonnet et aumusse, je trouverai des moyens infaillibles et étranges de réduire à la confusion ces personnages si tranquilles dans leur gravité. — Je te jure, par ma foi, répliqua Mercure, que je ne puis le dire, et si je le dis, ce sera sur le compte de ton importunité. — Dis-le donc, seigneur, je prends dès à présent l’engagement de ne point dire que c’est toi qui me l’as dit ; je te le promets sur la foi de notre bonne amitié.

— Gardons-nous, répondit-il, de toute indiscrétion, dans ces plaisanteries : approche-toi et je te le dirai à l’oreille ; je crois d’ailleurs qu’il y en a plus que tu n’en as vu. Celui que tu as aperçu là-bas, le cou roide, fier, à la robe traînante et à la taille bien prise, tout revêtu d’honneur et de courage, c’est le Docteur Don Francisco Sanchez. Apollon peut lui accorder, sans marchander, les louanges qui lui sont dues et l’élever plus haut que le ciel. Il n’est point de hauteur où ne puisse atteindre son génie ; car le vert feuillage de ses jeunes années, nous donne l’espérance des fruits qui naîtront. Celui-là qui se plaît à suivre l’essor de son imagination et qui se plonge délicieusement dans les douceurs de l’extase, et suit de si près mes actions, c’est le Maestro Orense. Dans les