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plaire à tous. Derrière lui venait une troupe nombreuse de jeunes danseuses, petites, mais d’une ravissante tournure. Je ne fus pas longtemps à savoir que ces dames, saines pour la plupart, et dont quelques-unes mal en point, étaient les heures qui marquent le cours du soleil et le temps. Ces diverses apparences représentent l’heur et le malheur. Toutes d’ailleurs, rapides et promptes.

Apollon s’empressa de serrer joyeusement dans ses bras les soldats qu’il attendait pour l’exécution de son grand dessein. Ses caresses n’étaient pas également distribuées ; ceux qu’il avait plus de plaisir à voir, recevaient un accueil plus distingué. Il réitéra ses embrassements à ceux qui avaient des titres de seigneur et d’excellence, et il leur adressa des paroles d’une distinction flatteuse. Il embrassa entre autres Don Juan de Arguijo, qui avait, je ne sais quand ni comment, ni en quel équipage, fait cette excursion si longue et si rude. Avec lui, Apollon donna satisfaction à son désir et s’affermissant dans son projet, il ordonna, défendit, retrancha, modifia.

À cette réception sans pareille assistait Don Luis de Barahona, amené là par son mérite. Apollon lui offre comme souvenir, une couronne de laurier toujours vert, et un vase de l’eau de Castalie et de l’Hélicon. Puis, reprenant sa marche majestueuse, il est suivi par l’escadron poétique qui gravit avec lui le Parnasse.