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voisinage de la capitale, à Épinay, à Saint-Ouen, à Saint-Denis, à Villetaneuse, avaient fait concevoir l’espérance que de semblables tentatives pourraient réussir à Paris. Dans cette pensée, l’administration, en 1832, ordonna des sondages au carrefour de Reuilly, près de la barrière de Saint-Mandé, au boulevart extérieur du Combat et à celui de la Cunette. Sur ces trois derniers points le but de la Ville était, à défaut d’eau jaillissante, d’essayer d’absorber dans ces puits les eaux du sol. L’eau ne monta nulle part jusqu’à la surface.

Ces tentatives achevèrent de démontrer par le fait les indications des géologues, qui établissent que les nappes d’eau des bancs de sable supérieur à la craie, étant coupées par la Seine au-dessous de Paris, n’ont plus assez de pression pour jaillir au-dessus du sol dans le voisinage de ce point.

Ce fut dans ces circonstances que l’administration, persuadée par les prévisions de la science qu’il n’y avait à Paris de chance de succès pour les puits artésiens qu’en perçant l’énorme banc de craie sur lequel repose cette ville, conçut le projet d’en faire l’expérience.

Ce banc occupe une grande partie de la France, des Pays-Bas et même de l’Angleterre. Sur les points où son peu de profondeur permet de le percer facilement, en Artois, dans la Touraine, on a toujours trouvé par-dessous des bancs de sables verts contenant des eaux jaillissantes. Sa profondeur et son épaisseur, à Paris, étant considérables, on ne l’avait jamais percé. C’était donc une tentative des plus intéressantes que de vérifier, en perçant ce banc, les formations géologiques qui composent le terrain de Paris, indépendamment de l’intérêt spécial d’obtenir de l’eau.

Dans cette double pensée, l’administration municipale, à la fin de 1833, approuva le projet qui lui fut présente par M. l’ingénieur en chef Emmery pour le forage d’un puits artésien d’une dimension qui permît le percement de la craie. Ce puits devait être tenté sur la place de la Madeleine. Un semblable travail exigeait des moyens et des appareils extraordinaires ; il présentait de grandes difficultés : aussi un seul entrepreneur, M. Mulot, se présenta-t-il à l’adjudication.

Au moment de commencer l’entreprise, on renonça à l’emplacement que l’on avait d’abord désigné, pour choisir l’abattoir de Grenelle. M. Mulot se mit à l’œuvre au commencement de 1834. Après sept ans d’un travail opiniâtre où l’habileté du sondeur a souvent été mise à l’épreuve par des difficultés et des accidents qui auraient pu décourager d’autres entrepreneurs, il a obtenu le prix de ses efforts. Le 26 février 1841 la sonde atteignit les sables verts, où elle pénétra par son seul poids de plusieurs mètres de profondeur. Aussitôt les eaux montèrent et se répandirent sur le sol de l’abattoir avec une telle abondance, qu’il en résulta une véritable inondation.

La population parisienne gardera longtemps le souvenir de l’intérêt qu’elle prit à ce succès, que plus de trois cent mille personnes vinrent dans les jours qui suivirent constater sur place.

M. Mulot reçut la décoration de la Légion-d’Honneur et la ville de Paris lui constitua une pension viagère de 3,000 francs, reversible par moitié sur la tête de sa femme. Une indemnité honorable fut en outre accordée à M. Louis Mulot fils, qui n’a cessé de diriger le travail sous l’inspiration de son père.

Le tubage du puits à partir des sables était nécessaire pour assurer sa conservation. Ce travail a donné lieu à des difficultés d’un nouveau genre. Tenté d’abord en tubes de cuivre qui n’ont pas présenté une résistance suffisante, on l’a définitivement effectué en tubes de fer forgé de 5 millim. d’épaisseur. Ces tubes ont été élevés à une hauteur de 33 m. 50 c. au-dessus du sol, afin que les eaux pussent de là être conduites sur les quartiers élevés du faubourg Saint-Jacques, sur le plateau de l’Estrapade, où la Ville a fait construire des bassins pour les recevoir et les distribuer.

La profondeur du puits de Grenelle est de 547 m. 60 c. ; commencé sur 40 c. de diamètre, il n’en a plus au fond que 16. Le volume des eaux qu’il fournissait la hauteur du sol de l’abattoir était d’environ 3,000,000 de litres en vingt-quatre heures. Il en fournit aujourd’hui à 33 m. 50 c. de hauteur environ le tiers, ce qui revient à 50 pouces de fontainier.

La dépense de ce travail n’a pas été moindre de 300,000 francs.


Grenelle (barrière de).

Située à l’extrémité de la rue Dupleix.

Cette barrière, qui doit son nom au territoire de Grenelle sur lequel elle est située, consiste en deux bâtiments avec péristyle à pilastres carrés. Elle se nommait anciennement barrière des Ministres. (Voyez l’article Barrières.)


Grenelle (chemin de ronde de la barrière de).

Commence à la barrière de Grenelle et à la rue Dupleix ; finit à la barrière de la Cunette et au quai d’Orsay. Pas de numéro. Sa longueur est de 505 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Les propriétés situées près du quai d’Orsay sont à l’alignement. (Voyez l’article Chemins de ronde.)


Grenelle (impasse de).

Située dans la rue de Grenelle, entre les nos 156 et 158. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 98 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Cette impasse, tracée sur le plan de Verniquet, tire sa dénomination de la rue où elle est située. — Une décision ministérielle en date du 18 fructidor an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette impasse à 7 m. Les propriétés riveraines devront reculer de 1 m. 70 c, à 2 m. 30 c.