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Quand j’étais enfant en Chine[1]


VI
Écoles et vie scolaire

Les écoles, en Chine, sont généralement dirigées par des personnalités privées. Le gouvernement ne s’occupe que des étudiants déjà avancés dans leurs études. Mais, comme le savoir est le seul titre aux emplois et que l’accès aux distinctions littéraires et aux honneurs publics dépend des examens et des concours, il n’est pas étonnant que l’on trouve des écoles dans les plus petits hameaux comme dans les grandes villes. Quoique le gouvernement ne fournisse aucune subvention pour l’établissement d’écoles et quoiqu’on n’ait aucune idée de l’enseignement obligatoire, le désir est général, même dans les classes pauvres, de donner aux enfants une éducation élémentaire.

Les écoliers de rang inférieur n’ont jamais plus d’un maître.

En Chine, le système qui combine un maître et plusieurs adjoints, n’a pas de bons résultats. Le maître y est donc souverain absolu dans son école. Il est le roi de tous ceux qu’il élève et, dans sa sphère, nul ne lui dispute ses droits.

Vous pouvez entre mille le reconnaître à sa longue robe d’étudiant, à son regard sévère, à son dos voûté par l’assiduité à l’étude. Généralement il a la vue courte, et une énorme paire de lunettes indique en lui l’éducateur des intelligences.

Son école, je l’ai dit, est une entreprise privée et sa propriété, car il n’y a rien en Chine qui rappelle l’école publique ; en outre, s’il à une plume élégante, il grossira sa bourse en écrivant des billets ; s’il est artiste, il peindra des éventails.

S’il n’a pas pris ses grades, il sera candidat perpétuel aux honneurs académiques que le gouvernement seul a le droit de lui conférer.

Les honoraires d’un instituteur varient en Chine selon l’habileté et la réputation du maître. Ils varient aussi d’après l’âge et le degré de progrès de l’élève. Plus celui-ci est grand garçon, plus il paiera.

Un précepteur est bien payé. D’ordinaire il est logé dans la maison de l’élève riche, mais il est autorisé à recevoir quelques pupilles du dehors.

Lors des fêtes, et aux solennités familiales, ses élèves gratifient le précepteur de cadeaux en argent et aussi en aliments. Tous, surtout les parents des pupilles, le traitent avec grand honneur, car la carrière de leurs enfants peut, en un sens, être entre ses mains.

Un maître qui a de trente à quarante élèves qui lui paient une pension de vingt francs, vit assez à l’aise en Chine, car on y peut

  1. Voir La revue blanche du 15 octobre 1900 et du 1er  novembre 1900.