(Ulmus primœva Sap.), d’un érable (Acer primœvum Sap.), presque tous accompagnés de leurs fruits, bien que leurs empreintes, sauf en ce qui concerne l’érable, soient extrêmement rares. À Saint-Jean-de-Garguier, localité peut-être un peu plus récente que celle de Saint-Zacharie, les bouleaux, charmes, érables, reparaissent avec une fréquence relative qui, rapprochée du nombre plus restreint des espèces recueillies, ne laisse pas que de marquer un progrès constant. Ce progrès nous est enfin révélé avec certitude par Armissan, dont la flore se rapporte visiblement à une grande forêt, établie, à portée d’un lac aux eaux limpides et profondes, sur le sol secondaire de la Clape, massif situé entre Armissan et la mer, à l’est de Narbonne (fig. 2).
La forêt d’Armissan est à l’oligocène ce que la flore des gypses d’Aix est à l’éocène supérieur, un terme extrême, un point opérant la soudure entre deux périodes. La plupart des espèces qui caractérisent l’aquitanien se montrent à Armissan, mais elles sont encore associées aux formes caractéristiques de l’oligocène, particulièrement au Comptonia dryandrœfolia. Dans cette forêt où dominaient de puissantes Laurinées, des Juglandées du type des Engelhardtia, des Anacardiacées, des Houx, des Aralia (voy. plus haut pages 125 et 124), des Dalbergiées, des Sophorées, des Mimosées, on rencontrait également des bouleaux de plus d’une espèce, des peupliers et des érables, remarquables par l’ampleur de leurs feuilles ; enfin des ormes, et probablement des châtaigniers. Dans l’oligocène également, à Ronzon d’une part, et de l’autre à Armissan, on constate pour la première fois l’existence d’espèces demeurées depuis indigènes dans le midi de l’Europe, et ayant par conséquent conservé sans altération les caractères qui les distinguaient dès ce moment. C’est ainsi que M. le professeur Marion a signalé à Ronzon (Haute-Loire ) des folioles de lentisque (Pistacia lentiscus L.), et que les vestiges incontestables du térébinthe, représenté par une forme actuellement spontanée à Constantinople, comprenant des feuilles et une tige encore garnie d’une grappe de fruits, ont été recueillis à l’état d’empreintes, dans la localité voisine de Narbonne, toujours à Armissan.
On voit donc se dessiner peu à peu les linéaments de l’état de choses qui a depuis prévalu. Les eaux de l’époque où nous ramène la considération de l’oligocène n’étaient pas moins favorisées que leurs rives et les régions occupées par des accidents montagneux ; une foule de plantes se pressaient dans leur sein, flottaient au milieu d’elles ou s’épanouissaient à leur surface. L’étude détaillée de ces plantes serait pleine d’attrait, mais elle nous entraînerait trop loin ; je me