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fères auparavant inconnus : le Libocedrus salicornioides (voy. plus haut, p. 84), dont le représentant actuel ne se trouve plus que dans le Chili, et le Chamæcyparis massiliensis, Sap. Ces deux espèces ne nous sont, connues que par de très-petits fragments ; leur rareté originaire s’accorde très-bien avec leur récente immigration présumée. Le voisinage des eaux lacustres se trouvait peuplé d’une profusion de Myricées, de Proléacées mal définies, d’Éricacécs du type des Leucothoe, d’Araliacées à feuilles digitées ou palmées (fig. 2 et 5), de Sterculiers, de Sapindacées à l’apparence chétive, auxquels il faut joindre des Célastrinées, des Anacardiacées, des Houx, des Rhamnées, des Jujubiers, un certain nombre de Myrtacées odorantes et des légumineuses (Papilionnacées, Césalpiniées, Mimosées) aux minces folioles.

Fig. 3. — Araliacée à feuilles digitées (Saint-Zacharie).
(Feuille restaurée.)
Aralia Zachariensis, Sap.
Fig 4. — Types divers de végétaux oligocènes caractéristiques.
1-2. Myrsine celastroides, Ett. — 3. M. cuneata, Sap. — 4. Celastrus splendidus, Sap. — 5. C. Zachariensis, Sap. — 6. Ilex celastrina, Sap. — 7. Andromeda neglecta, Sap. — 8. Diospyros varians, Sap. — 9. Zizyphus Ungeri, Ett. — 10. Myrtus rectinervis, Sap. — 11. M. caryophylloides, Sap.
Fig. 5. — Types divers de végétaux oligocènes caractéristiques.
1-2. Palæocarya (Armissan). 1. Feuille. 2. Fruit. — 3. Mimosa Aymardi, Mar. (Ronzon), portion de feuille. — 4. Acacia Bousqueti, Sap. (Armissan), légume. — 5-6. A. Sotzkiana, Ung. (Sotzka). 5. légume. 6. Foliole detachée.


Il y a là des nuances différentielles assez sensibles pour les naturalistes qui étudient les espèces une à une, qui méditent sur leur groupement et leur importance relative, mais ces nuances disparaissent aux yeux de l’observateur superficiel, qui retrouve à peu près les mêmes éléments qu’il avait été habitué à voir lors de l’éocène. La présence de certaines espèces caractéristiques, le Comptonia dryandrœfolia (voy. article précédent) ; le Zizyphus Ungeri (voy. fig. 4) ; certaines Myrsinées d’affinité africaine (Myrsine celastroides, Ett. (fig. 4), M. subincisa Sap., M. cuneata Sap. (fig. 4), les Diospyros hœringiana Ett., varians Sap. (voy. figure 4), l’abondance des Palœocarya (voy. fig. 5), Juglandées éteintes du type des Engellhardtia de l’Inde, certains Mimosa (M. Aymardi Mar., fig. 5) et Acacia (4. Bousqueti Sap., A. sotzkiana Ung.,) guident pourtant l’analogie au milieu de ce labyrinthe de formes, à la fois variées et cependant taillées sur un patron commun à toutes, de telle sorte, que des espèces appartenant aux genres les plus éloignés, revêtent au premier abord une physionomie presque semblable. C’est là du reste ce qui permet à l’esprit de définir sans trop de peine les caractères distinctifs des végétaux de l’époque que nous considérons ; la flore oligocène tire en réalité son originalité la plus saillante du passage insensible d’un âge vers un autre, passage qu’elle opère à l’aide de changements incessamment renouvelés. Les progrès de cette renovation, d’abord si lents qu’il est difficile de les entrevoir, deviennent cependant saisissables, si l’on s’attache à certaines catégories de plantes en particulier. Cte G. de Saporta
Correspondant de l’Institut.

La suite prochainement. —