Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
le kalevala

mon sort. Je pleure, mon cher frère, je pleure et me lamente, parce que mon anneau d’or est tombé de mon doigt, parce que mon collier de perles d’argent a disparu de mon cou. »

La sœur d’Aino tissait, dans l’intérieur de la maison, une ceinture d’or.

« Pourquoi pleures-tu, pauvre sœur, pauvre sœur, jeune vierge ? »

« Je n’ai que trop de raisons de pleurer, de déplorer mon sort. Je pleure, ma chère sœur, je pleure et me lamente parce que ma parure d’or est tombée de mes tempes, ma parure d’argent de mes cheveux, mon bandeau de soie bleue de mon front, mon ruban rouge de ma tête. »

La mère d’Aino travaillait, sur l’escalier de l’aïtta[1], à écrémer le lait.

« Pourquoi pleures-tu, pauvre fille, pauvre fille, jeune vierge ? »

« Ah ! ma mère, ma nourrice, toi qui m’as donné le jour, je n’ai que trop de raisons de pleurer ; mon sort est cruel et amer ! Je pleure, ma chère mère, je pleure et me lamente, et comment pourrais-je faire autrement ? J’étais allée dans le bois, pour y faire des paquets de verges de bouleau. Déjà, j’en avais fait un pour mon père, un autre pour ma mère, un troisième pour mon frère, à La florissante jeunesse, et je revenais à la maison. Mais, voici que tout à coup, du fond des vallées, Osmoinen[2] me fit entendre sa voix, de l’extrémité des champs, Kalevainen[3] me cria ces paroles : « C’est pour moi seul et non pour un autre que tu dois, ô jeune fille, porter un collier de perles, orner ta poitrine d’une boucle de métal, nouer tes cheveux avec un ruban de soie. »

  1. V. page 3, note 5.
  2. Fils d’Osmo. V. page 15, note 2.
  3. Fils de Kaleva, un des surnoms donnés à Wäinämöinen, parce qu’il habite dans le pays de Kaleva (Kalevala).