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quarante-huitième runo

transporta à la pointe du promontoire nébuleux, à l’extrémité de l’île riche d’ombrage ; et ainsi, le feu reparut dans les maisons vides de feu, la lumière brilla de nouveau dans les tupas livrées aux ténèbres.

Le forgeron Ilmarinen se précipita dans la mer, il s’assit sur un rocher fixé dans l’eau, pour amortir les douleurs du feu, les tortures de la flamme dévorante.

Et, tandis qu’il cherchait un soulagement à ses souffrances, il prit la parole, et il dit : « Ô feu splendide créé par Jumala, ô Panu[1], fils du glorieux soleil, qui donc t’a inspiré une telle cruauté ? Qui t’a poussé à me brûler les joues, à me brûler les membres, à sévir si furieusement tout autour de mon corps ?

« Comment éteindrai-je tes ardeurs ? Comment dompterai-je ta force, briserai-je ta puissance, pour me soustraire aux douleurs qui me déchirent ?

« Ô fille de Turja[2], fille de Laponie, aux bas et aux chaussures entourés de frimas, aux vêtements roidis par le froid, viens avec un vase plein de glace dans la main, avec une cuiller de glace, et jette de l’eau glacée sur mes brûlures, sur toutes les parties de mon corps ravagées par le feu !

« Si cela ne suffit point, viens, ô garcon de Pohjola, enfant de l’aride Laponie, viens, ô homme grand de Pimentola, grand comme un pin du désert, comme un sapin du marais, viens avec des gants hérissés de frimas aux mains, des chaussures hérissées de frimas aux pieds, un bonnet hérissé de frimas sur la tête, une ceinture hérissée de frimas autour de la taille !

« Apporte des frimas de Pohjola, de la glace du froid village ! Les frimas abondent dans Pohjola, la glace dans le froid village : il en est dans les fleuves, il en est dans les lacs, les plaines de l’air elles-mêmes sont glissantes ; les lièvres courent vêtus de glaçons, au milieu des mon-

  1. Voir page 14, note 2.
  2. Voir page 74, note 1.