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quarante-sixième runo

come du chasseur ! Écoutez les cris de la mouette, la flûte de la vierge des bois ! »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen entra dans l’enclos de sa demeure, et le peuple, la belle foule se précipita à sa rencontre : « Voici que l’or est sur la route, voici que l’argent, que la précieuse monnaie approchent[1] ! La forêt vous a-t-elle donné l’animal aux pieds de miel, le seigneur de la forêt vous a-t-il donné un lynx, puisque vous revenez en chantant, puisque vous arrivez sur vos suksi[2], en faisant retentir les airs de sons joyeux ? »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen répondit : « Oui, une loutre nous a été donnée pour fournir matière à nos discours, un présent de Jumala, pour être célébré dans nos runot ; c’est pourquoi nous revenons en chantant, nous arrivons sur nos suksi, en faisant retentir les airs de sons joyeux.

« Mais non, ce n’est point une loutre qui nous a été donnée, ce n’est ni une loutre, ni un lynx ; c’est l’illustre qui est en marche, c’est la vapeur de la forêt[3] qui s’avance, c’est l’homme antique[4] qui approche, c’est le vêtement de fourrure qui est en mouvement. Si vous voyez en lui notre hôte désiré, ouvrez toutes les portes, si vous le regardez, au contraire, comme un hôte abhorré, fermez-les ! »

Le peuple répliqua, la belle foule dit : « Salut ô Otso, salut, ô pied de miel, sois le bienvenu dans cet enclos bien nettoyé, dans cette splendide demeure !

« J’avais soupiré, pendant toute ma vie, pendant tous les jours de ma florissante jeunesse, après les sons de la corne de Tapio, après les joyeux accords de la flûte des bois ; j’avais désiré voir l’or de la forêt, l’argent de la fo-

  1. Voir page 109, note 2.
  2. Voir page 79, note 1.
  3. Salon-auvo : l’ours est ainsi surnommé à cause de la vapeur qui s’exhale de sa chaude toison, et se répand dans la forêt.
  4. Mies vanha : l’homme vieux ou l’homme vénérable.