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quarante-cinquième runo

sacrée[1], répands sur la terre l’onde superflue, chasse l’onde nuisible, afin qu’elle ne brûle point tes fils, qu’elle ne détruise point tes enfants !

« Je jette l’eau sur les pierres brûlantes, et cette eau se changera en miel, en suave vapeur. Oui, qu’il en jaillisse un fleuve de miel, qu’il en coule un lac de miel, à travers les dalles du rocher, la maison de bain calfatée avec de la mousse[2] !

« Nous ne serons point exterminés sans raison, nous ne succomberons point sous les coups d’une maladie inconnue, sans la permission du grand Jumala, sans un arrêt fatal du créateur. Que celui qui voudrait nous exterminer sans raison voie ses propres paroles lui rentrer dans la bouche, ses propres machinations lui retomber sur la tête, ses desseins perfides se retourner contre lui-même[3] !

« Si l’homme n’est point en moi, si le héros n’est point dans le fils de mon vieux père, qui puisse chasser ces maladies, conjurer ces machinations funestes, Ukko sera cet homme, Ukko qui réside aux régions de la pluie, qui règne sur l’empire des nuages.

« Ô Ukko, Dieu suprême entre tous les dieux, toi qui trônes au-dessus des nuages, viens ici, car on a besoin de ton secours, viens ici, car on t’appelle, apprends à connaître ces maladies ; détourne de nos têtes ces jours sinistres, chasse ces horribles fléaux, ces épouvantables douleurs !


    Finnois, de même que chez les Russes, regardé comme un remède à tous les maux.

  1. Les Finnois attachaient au bain de vapeur une idée sainte ; ils allaient même jusqu’à le personnifier et à l’honorer d’une sorte de culte.
  2. Voir page 105, note 1.

    Cette partie de la runo, y compris l’invocation à Jumala, forme le chant dit chant du bain, kylpysanat. Du reste, cette runo presque tout entière n’est qu’une longue formule appelée discours ou chant de la guérison, paranlajan luku. Voir page 23, note 10.

  3. « Suuhunsa omat sanansa,
    « Päahänsä pahat panonsa,
    « Ajatukset itsehensä ! »