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quarante et unième runo

et se dressa contre la porte. Mais, la cloison fléchit sous son poids, la porte s’écroula. Alors l’ours monta dans un pin, il se hissa dans un sapin, pour écouter les doux accords, pour admirer les accents de la joie.

L’austère vieillard de Tapiola[1], le chef suprême de Metsola[2], tout le peuple des forêts, toutes les jeunes filles, tous les jeunes garçons gravirent les cimes des rochers pour écouter le kantele.

La souveraine des bois elle-même, la grave hôtesse de Tapiola mit ses bas bleus, ses chaussures aux rubans rouges, et monta dans la couronne d’un bouleau, dans la courbure flottante d’une aulne, pour jouir de la belle harmonie.

Tout ce qui s’appelait oiseau de l’air, tout ce qui volait sur deux ailes tomba du ciel comme un ouragan de neige, et se précipita vers le runoia, pour écouter son jeu splendide, pour admirer les chants de la joie.

L’aigle entendit, du haut de son aire, les beaux chants de Suomi ; il laissa ses petits dans leur nid, et se hâta de venir les écouter de plus près, de venir contempler les transports de Wäinämöinen.

Et tandis que l’aigle descendait des espaces sublimes, l’épervier s’élança du sein des nuages, les canards sauvages des vagues profondes, les cygnes des lacs marécageux, les petits pinsons, les oiseaux gazouilleurs, les serins par centaines, les alouettes par milliers, tous prirent leur essor à travers les plaines de l’air et accoururent se poser sur les épaules du runoia, mêlant leur ramage à ses chants joyeux, à la suave mélodie du kantele[3].

  1. Voir page 129, note 3.
  2. Voir page 116, note 1.
  3. « Korkealta kokko lenti,
    « Halki pilvien havukka,
    « Allit aalloilta syvilta,
    « Jontsenet sulilta soilta ;
    « Pieniäki peiposia,
    « Lintuja livertavia,