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quinzième runo

Partout où les veines sont fissurées, que les veines se rejoignent ! Partout où le sang est tari, que le sang jaillisse ! Partout où les os sont brisés, que les os redeviennent solides ! Rends la santé à toutes les parties malades, et étends sur elles ta bénédiction ! »

Ainsi, la mère de Lemminkäinen créa de nouveau l’homme, guérit le héros et lui rendit sa vie première, ses formes d’autrefois. Mais, l’homme était sans parole, l’enfant était muet.

Alors, elle éleva la voix, et elle dit : « Où trouverai-je le remède, la goutte de miel pour en frotter l’infirme ? pour en oindre l’épuisé, afin qu’il recouvre la voix, qu’il se remette à chanter ?

« Ô Mehiläinen[1], oiseau du printemps, toi qui règnes sur les fleurs des bois, va chercher le miel, le suave baume du miel dans la douce Metsola[2], dans la vigilante Tapiola[3], puise-le dans le calice des fleurs, extrais-le des tiges du gazon ! Je veux l’appliquer sur l’endroit malade, je veux en guérir les plaies cruelles. »

Mehiläinen, l’agile oiseau, prit aussitôt son essor vers la douce Metsola, vers la vigilante Tapiola. Elle butina les fleurs des champs ; elle aspira le miel du calice de six petites fleurs, du suc de cent tiges de gazon ; puis, elle revint lentement avec son lourd fardeau ; chaque plume de ses ailes ployait sous le baume salutaire, sa queue en était chargée.

La mère de Lemminkäinen prit le baume et en frotta les membres du héros épuisé ; mais le baume demeura sans effet ; le héros ne recouvra point la voix.

La mère de Lemminkäinen dit tristement : « Ô Mehiläinen, mon bel oiseau, dirige maintenant ta course vers un autre endroit ; traverse neuf mers, et gagne l’île située

  1. Voir page 71, note 1.
  2. Voir page 116, note 1.
  3. Tapiola, personnification de la forêt, est appelée vigilante, tarkka, parce que la garde des bêtes sauvages, confiée à ses soins, exige la plus grande vigilance.