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trente-neuvième runo

Le vieux Wäinämöinen dit : « Ô forgeron, mon cher frère, partons ensemble pour Pohjola afin d’y enlever le Sampo ! Nous armerons un grand navire sur lequel nous emporterons l’instrument merveilleux, le Sampo arraché des entrailles du rocher de cuivre, malgré les neuf serrures, malgré les neuf verrous. »

Le forgeron Ilmarinen dit : « Il serait plus sûr de nous rendre à Pohjola par terre. Lempo[1] erre sur la mer, Surma[2] plane sur le grand golfe. La tempête nous y livrera ses assauts, les vents nous y secoueront violemment ; et nos doigts seront changés en rames, la paume de nos mains en gouvernail[3]. »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Sans doute, la route de terre est plus sûre, mais elle est plus fatigante ; elle est aussi plus tortueuse. Il est agréable de glisser sur l’onde dans un navire, de fendre les flots, au milieu des golfes immenses. Le souffle du vent vous berce joyeusement, et vous pousse, rapide, en avant. Cependant, puisque la mer ne te plaît pas, nous prendrons la terre, nous longerons la solitude des rivages.

« Mais, forge-moi, maintenant, un glaive, un glaive à la pointe de feu, avec lequel je puisse chasser les chiens, disperser la foule, lorsque nous irons enlever le Sampo, dans le froid village, dans la sombre Pohjola, dans la nébuleuse Sariola. »

Le forgeron Ilmarinen, le batteur de fer éternel, se hâta de mettre du fer sur le feu, de l’acier dans la fournaise brûlante ; il y ajouta un bloc d’or, une poignée d’argent, puis il ordonna aux esclaves, aux garçons salariés de souffler.

Les esclaves soufflèrent avec force, les garçons sala-

  1. Voir page 41, note 3.
  2. Voir page 110, note 3.
  3. « Saisi sormet soutimeksi,
    « Kämmenet käsimeloiksi. »

    C’est-à-dire nous ferons naufrage, et nous serons obligés de nous sauver

    à la nage.