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exterminer les femmes, pour frapper les faibles créatures. »

Alors le forgeron Ilmarinen se mit à dérouler ses chants d’une voix désespérée, et il changea la femme en mouette, et il la chassa sur une île, sur un écueil solitaire de la mer, à la cime d’un promontoire, pour y crier, pour y hurler au milieu des tempêtes[1].

Puis, il remonta dans son traîneau et se dirigea, d’une course rapide, le cœur triste, la tête basse, vers son propre pays, vers sa patrie bien-aimée.

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen vint à sa rencontre sur la route, et il lui dit : « Ô Ilmarinen, mon cher frère, pourquoi as-tu le cœur si triste, pourquoi portes-tu ton casque tout à fait incliné, en revenant de Pohjola ? »

Le forgeron Ilmarinen répondit : « Comment pourrait-on vivre misérable dans Pohjola ? Là se trouve le Sampo[2], qui moud toujours, le beau couvercle qui est perpétuellement en mouvement. Un jour, il moud le grain destiné à être mangé, un autre jour, il moud le grain destiné à être vendu, un troisième jour, il moud le grain destiné à être conservé parmi les provisions de la maison[3].

« Oui, je le dis, je le répète, comment pourrait-on vivre misérable dans Pohjola, puisqu’on y possède le Sampo ? C’est du Sampo que découlent le labourage et l’ensemencement des champs, la germination de toutes les plantes ; c’est du Sampo que découle une prospérité éternelle. »

  1. « Se on seppo Ilmarinen
    « Jopa loihe laulamahan,
    « Syantyi sauelemahan,
    « Lauloi naisensa lokiksi
    « Luo’olle lokottamahan,
    « Veen karille kaikkumahan,
    « Nenat nienten niukumahan,
    « Vastatuulet vaapumahan. »

  2. Voir page 2, note 5 et page 60, note 1.
  3. Voir pages 85-86.