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cygne, le lait d’une vache stérile, un petit grain d’orge, un flocon de la laine d’une brebis féconde ? Pour prix de ton travail, je te donnerai une vierge, une belle vierge ; et je te ramènerai dans ton pays, là où ton oiseau chante, où ton coq fait entendre sa voix. »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen dit : « Je ne saurais te forger un Sampo, un Sampo au couvercle splendide. Mais, reconduis-moi dans mon pays, et je t’enverrai de là le forgeron Ilmarinen. Il te forgera ce Sampo[1], il martellera son couvercle, et il charmera la jeune vierge, et il fera la joie de ta fille.

« Ilmarinen est un forgeron merveilleux, un habile batteur de fer. C’est lui qui a forgé la voûte du ciel, qui a martelé le couvercle de l’air, sans qu’y paraissent les coups du marteau, ni les morsures des tenailles. »

Louhi, la mère de famille de Pohjola dit : « Je promets de donner ma fille, ma belle enfant, à celui qui me forgera un Sampo au couvercle splendide, qui le forgera avec la pointe des plumes d’un cygne, le lait d’une vache stérile, un petit grain d’orge, un flocon de la laine d’une brebis féconde. »

Et elle attela son cheval, son cheval rouge, à son traîneau ; elle y fit asseoir Wäinämöinen et lui dit : « Ne lève point la tête, ne redresse point le corps, à moins que le cheval ne soit fatigué, ou que le soir ne soit venu. Si tu levais la tête, si tu redressais le corps, il t’arriverait certainement malheur, un jour fatal tomberait sur toi. »

Alors, le vieux Wäinämöinen lança au galop le cheval à la blanche crinière, et il s’éloigna à grand bruit de la sombre Pohjola, de la nébuleuse Sariola.

  1. On trouvera dans le second volume des explications détaillées sur cet objet symbolique.