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trente-sixième runo

Et Kullervo fit de nouveau sonner sa corne, et il continua sa route vers le champ du combat, vers la demeure d’Untamo, et il dit : « Ô Ukko[1], dieu suprême entre tous les dieux, si, maintenant, tu me donnais un glaive, un des plus beaux glaives, un glaive assez puissant pour lutter contre toute une foule, pour me mesurer avec cent hommes ! »

Kullervo reçut le glaive qu’il avait demandé, et il le saisit de sa main vengeresse, et il détruisit Untamo avec toute sa race. Puis, il mit le feu aux maisons et les réduisit en cendres, n’y laissant que les pierres nues du foyer, et un grand sorbier[2] qui s’élevait dans l’enclos.

Kullervo, fils de Kalervo, reprit alors le chemin de la maison paternelle. Il la trouva déserte, abandonnée ; personne ne s’avança pour le saluer, personne ne vint lui serrer la main, en signe de bienvenue.

Il s’approcha du foyer, les tisons en étaient éteints. Il reconnut par là que sa mère n’existait plus.

Il s’approcha de la cheminée, les pierres en étaient froides. Il reconnut par là que son père n’existait plus.

Il abaissa ses regards vers le plancher, le plancher était souillé d’ordures. Il reconnut par là que sa sœur n’existait plus.

Il se rendit sur les bords de la mer, le bateau n’y était plus amarré. Il reconnut par là que son frère avait cessé de vivre.

Alors, il se mit à pleurer. Il pleura un jour, il pleura deux jours, puis il dit : « Ô ma mère, ma douce mère, qu’as-tu laissé à ton fils lorsque tu étais encore de ce monde ?

« Hélas ! tu ne saurais m’entendre désormais, et c’est en vain que je me tiens debout sur tes sourcils, que je

  1. Voir page 5, note 2.
  2. Voir page 11, note 1.