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le kalevala

Et la femme du forgeron fit partir les bêtes pour le pâturage, et elle éleva la voix, et elle dit :

« J’envoie mes vaches dans le bois touffu, les donneuses de lait au milieu des forêts défrichées, les bêtes aux cornes recourbées parmi les peupliers et les bouleaux. Je les envoie pour qu’elles grandissent et qu’elles engraissent dans ces champs riches de verdure, dans ces forêts de sapins à la couronne d’or, dans ces vastes espaces brillants comme l’argent.

« Veille sur elles, ô bon Jumala, protége-les, ô créateur immuable ; éloigne de leurs pas tous les dangers, et conduis-les à travers des voies sûres et libres de douleurs.

« Ainsi que tu les gardes dans l’étable, garde-les sous le ciel libre. Remplace auprès d’elles leur maîtresse, et fais qu’elles embellissent, qu’elles prospèrent, pour la joie de ceux qui les aiment, pour la confusion de ceux qui leur souhaitent du mal.

« Et si mes bergers sont trop mauvais, si mes pâturages sont trop maigres, charge une branche d’osier de garder le troupeau, un bouquet d’aulne de le contenir, un rameau de coudrier de le rassembler, une verge de putier de le ramener à l’étable, sans que la maîtresse de maison ait besoin d’aller à sa rencontre, sans que les serviteurs doivent en prendre souci[1].

« Et si l’osier refuse de garder le troupeau, si le coudrier ne veut pas le rassembler, ni l’aulne veiller sur lui, ni le putier le ramener à l’étable, donne-lui, ô Jumala, d’autres gardiens ; confie-le aux filles de la nature[2] ! N’as-tu pas mille jeunes filles, mille servantes qui obéissent à ta voix ? Ne disposes-tu pas de tous les êtres qui vivent sous la voûte de l’air, des vierges bienfaisantes issues de Luonto[3] ?

  1. C’est-à-dire arme-toi d’une verge d’osier, de genévrier, etc., pour chasser le troupeau vers l’étable.
  2. Voir page 16, note 3.
  3. Voir page 4, note 4.