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le kalevala

Il veut savoir pourquoi le bouleau a été conservé, pourquoi le bel arbre n’a pas été abattu.

Le vieux Wäinämöinen lui dit : « On a laissé l’arbre debout, pour servir de lieu de repos aux oiseaux du ciel, de refuge aérien à l’aigle. »

L’aigle, l’oiseau de l’air dit : « Tu as certainement bien agi en laissant le bouleau croître, le bel arbre debout, pour servir de lieu de repos aux oiseaux du ciel, pour me servir de refuge à moi-même. »

Et l’aigle mit le feu aux arbres abattus. La flamme bondit avec violence ; le vent du nord, le vent du nord-est attisèrent l’incendie ; tout fut dévoré et réduit en cendres.

Alors, le vieux Wäinämöinen tira les six, les sept espèces différentes de graine, de son sac de peau de martre, de peau d’écureuil d’été, de peau de blanche hermine[1].

Puis il se rendit dans le champ pour les semer, et il dit : « Je verserai la semence sur la terre à travers les doigts du Créateur, la forte main du Tout-Puissant ; je la verserai sur cette terre féconde, sur ce champ bien préparé.

« Ô vieille qui habites dans les entrailles de la terre, ô mère de Mannu[2], souveraine des champs, fais que l’herbe pousse, que les germes se fécondent. La force ne manquera point à la terre tant que dureront les temps, si les donneuses lui prodiguent leurs faveurs, si les filles de la nature[3] lui prêtent leur concours.

« Ô terre, sors de ton repos ! gazon du Créateur, secoue ton sommeil ! fais que les tiges s’élancent, que cent épis, que mille épis surgissent du champ que j’ai ensemencé, du champ qui m’a coûté tant de fatigue.

« Ô Ukko, dieu suprême entre tous les dieux, père antique qui habites au haut du ciel et qui règnes sur les

  1. Les Finnois fabriquent des sacs et des bourses avec les peaux de ces divers animaux qui abondent dans leurs forêts.
  2. Personnification de la terre ferme.
  3. Les éléments, les forces créatrices.