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vingt-neuvième runo

Le joyeux Lemminkäinen dit : « Ô ma mère, ô toi qui m’as donné le jour, chasse les chagrins qui te déchirent ! Une nouvelle habitation sera construite, une habitation meilleure que la première ; et nous livrerons bataille au peuple de Pohjola, nous exterminerons cette race maudite de Lempo[1]. »

La mère de Lemminkäinen dit à son fils : « Tu es demeuré longtemps, ô mon enfant, tu as longtemps vécu dans les terres étrangères, dans les régions lointaines, sur cette île inconnue, sur ce promontoire sans nom<[2] ! »

Le joyeux Lemminkäinen, le beau Kaukomieli dit : « Il m’était agréable d’y vivre, il m’était doux d’y passer mes jours. Les arbres y brillent des splendeurs de la pourpre, les champs y reflètent l’azur, les branches de pins y sont autant de rameaux d’argent, les fleurs des bruyères autant de fleurs d’or ; le miel y coule dans les ruisseaux ; les œufs y roulent du haut des montagnes ; les sapins desséchés y versent l’hydromel, les sapins moisis y versent le lait ; on y recueille le beurre dans la jointure des cloisons, et les pieux de ces cloisons distillent la bière[3].

« Oui, il m’était agréable d’y vivre, il m’était doux d’y passer mes jours. Un seul obstacle venait troubler mes

  1. Voir page 41, note 3.
  2. Voir page 294, note 1.
  3. Cette description est magnifique, et cependant la traduction ne rend que très-faiblement la grâce et la splendeur du texte original. Je le reproduis intégralement :

    « Hyva oli siella, ollakseni,
    « Lempi hehaellakseni,
    « Puut siella punalle paistoi,
    « Puut punalle maat sinelle,
    « Hopealle hongan oksat,
    « Kullalle kukat kanervan ;
    « Siell’oli maet simaiset,
    « Kalliot kananmunaiset,
    « Metta vuoti kuivat kuuset,
    « Maittoa mahot petajat,
    « Aian nurkat voita lypsi,
    « Seipähät valoi olutta. »