Le joyeux Lemminkäinen dit : « Ô ma mère, ô toi qui m’as donné le jour, chasse les chagrins qui te déchirent ! Une nouvelle habitation sera construite, une habitation meilleure que la première ; et nous livrerons bataille au peuple de Pohjola, nous exterminerons cette race maudite de Lempo[1]. »
La mère de Lemminkäinen dit à son fils : « Tu es demeuré longtemps, ô mon enfant, tu as longtemps vécu dans les terres étrangères, dans les régions lointaines, sur cette île inconnue, sur ce promontoire sans nom<[2] ! »
Le joyeux Lemminkäinen, le beau Kaukomieli dit : « Il m’était agréable d’y vivre, il m’était doux d’y passer mes jours. Les arbres y brillent des splendeurs de la pourpre, les champs y reflètent l’azur, les branches de pins y sont autant de rameaux d’argent, les fleurs des bruyères autant de fleurs d’or ; le miel y coule dans les ruisseaux ; les œufs y roulent du haut des montagnes ; les sapins desséchés y versent l’hydromel, les sapins moisis y versent le lait ; on y recueille le beurre dans la jointure des cloisons, et les pieux de ces cloisons distillent la bière[3].
« Oui, il m’était agréable d’y vivre, il m’était doux d’y passer mes jours. Un seul obstacle venait troubler mes
- ↑ Voir page 41, note 3.
- ↑ Voir page 294, note 1.
- ↑ Cette description est magnifique, et cependant la traduction ne
rend que très-faiblement la grâce et la splendeur du texte original. Je
le reproduis intégralement :
« Hyva oli siella, ollakseni,
« Lempi hehaellakseni,
« Puut siella punalle paistoi,
« Puut punalle maat sinelle,
« Hopealle hongan oksat,
« Kullalle kukat kanervan ;
« Siell’oli maet simaiset,
« Kalliot kananmunaiset,
« Metta vuoti kuivat kuuset,
« Maittoa mahot petajat,
« Aian nurkat voita lypsi,
« Seipähät valoi olutta. »