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vingt-sixième runo

vrage, il laissa le sillon inachevé dans le champ, monta à cheval et se rendit, d’une course rapide, auprès de sa mère toujours chère, auprès de sa vieille nourrice.

Il prit la parole en arrivant, et il dit :« Ô ma mère, ô ma vieille mère, hâte-toi de me préparer à manger, afin que l’affamé puisse se rassasier, que celui qui en a envie puisse mâcher ; fais, en même temps, chauffer le bain, fais-le chauffer au plus vite, afin que l’homme puisse se laver, que la fleur des héros puisse purifier son corps. »

La mère de Lemminkäinen se hâta de préparer à manger, afin que l’affamé pût se rassasier, que celui qui en avait envie pût mâcher ; en même temps, elle fit chauffer le bain et mit l’étuve en ordre.

Le joyeux Lemminkäinen expédia rapidement son repas ; puis il entra dans le bain, dans le bain chaud. Là, le pinson se lava, le passereau purifia son corps ; sa tête devint semblable à un linge de fine toile, son cou blanc et brillant[1].

Et il revint dans la chambre, et il dit : « Ô ma mère, ô ma vieille mère, va, maintenant, dans l’aitta[2] bâtie sur la colline, et apporte-moi mes belles chemises, mes meilleurs habits, afin que je m’en revête, que j’en pare mon corps. »

La mère se hâta d’interroger, la vieille femme demanda : « Où vas-tu donc, ô mon fils ? Vas-tu à la chasse de la loutre, ou à celle de l’écureuil ? »

Le joyeux Lemminkäinen, le beau Kaukomieli[3] répondit : « Ô ma mère, ô ma nourrice, je ne vais point à la chasse de la loutre, ni à la chasse de l’élan, ni à celle de l’écureuil ; je vais aux noces de Pohjola, au festin que l’on y donne en secret. Apporte-moi mes belles che-

  1. « Siellä peiponen peseikse,
    « Pulmonen nuhasteleikse,
    « Paansä pellavas-pioksi,
    « Kaulanvarren valkeaksi. »

  2. Voir page 3, note 5.
  3. Voir page 89, note 1.