« La jeune fille se mit à enseigner son enfant, à faire la leçon à son petit écureuil : “Ô écureuil, trésor doré de la colline, écureuil, fleur de la colline, ornement de la terre, prends ta course vers l’endroit où je t’invite, où je t’exhorte à aller ; vers la douce Metsola[1], vers la vigilante Tapiola[2] ! Grimpe au haut d’un petit arbre, bondis prudemment jusqu’à sa cime, de manière à ce que l’aigle ne fasse pas de toi sa proie, à ce que l’oiseau de l’air ne t’étreigne pas dans ses serres ; cueille des pommes dans le pin, de la graine verte dans le sapin, et viens les déposer entre les mains de la jeune fille, pour la bière d’Osmotar.”
« L’écureuil s’élança, la queue touffue bondit rapide sur la longue route ; il franchit l’espace, traversant un bois, en longeant un autre, en coupant de biais un troisième ; il atteignit la douce Metsola, la vigilante Tapiola.
« Il aperçut trois pins, quatre petits sapins ; il grimpa au haut du pin du marais, du sapin du champ, sans que l’aigle fît de lui sa proie, sans que l’oiseau de l’air l’étreignît dans ses serres.
« Il cueillit les pommes de pin, les pointes des branches du sapin ; il les cacha dans ses griffes, il les serra entre ses pattes, et revint les déposer entre les mains de la jeune fille, entre les doigts de la belle vierge.
« La jeune fille les jeta dans la bière, Osmotar les jeta dans la kalja[3] ; la bière ne moussa point, la fraîche boisson ne voulut point écumer.
« Osmotar, celle qui brasse la bière, la fille qui prépare la kalja, réfléchit de nouveau : “Où faut-il, maintenant, aller chercher de quoi faire mousser la bière, de quoi faire écumer la fraîche boisson ?”
- ↑ Voir page 116, note 1.
- ↑ Tapiola, est appelée vigilante parce qu’elle doit veiller sans cesse sur les animaux des bois. Voir page 114, note 1.
- ↑ Voir page 182, note 3.