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douzième runo

de la bière de la maison, je préfère boire l’eau du fleuve, avec la rame goudronnée ; elle a plus de saveur à mon goût que la boisson domestique. Apporte-moi ma chemise et mon armure de guerre ! Je veux aller aux régions de Pohjola, aux lieux où vivent les fils des Lapons, pour savoir s’il y a de l’or, pour demander s’il y a de l’argent. »

La vieille femme dit : « Ô mon fils, mon cher Ahti, nous avons assez d’or, dans notre maison, assez d’argent dans notre aitta[1].

« Hier matin, tandis que l’esclave labourait le champ rempli de serpents, le champ infesté de vipères, le soc de sa charrue souleva une caisse, mit à découvert un trésor. Il y avait là cent, il y avait là mille pièces de monnaie. J’ai recueilli le trésor, et je me suis empressée de le déposer dans l’aitta. »

Le joyeux Lemmikänen dit : « Je me soucie fort peu de ces trésors. Une seule petite pièce de monnaie conquise dans le combat aura plus de valeur à mes yeux que tout l’or, que tout l’argent soulevé par la charrue. Apporte-moi ma chemise et mon armure de guerre, je veux entreprendre une campagne contre Pohjola, je veux aller me battre avec les fils des Lapons.

« Et j’ai envie aussi de voir de mes propres veux, d’entendre, de mes propres oreilles, s’il n’est pas dans Pohjola, s’il n’est pas dans Pimentola[2] une jeune fille qui ait peu de goût pour les prétendants, une jeune fille que les hommes le plus dignes d’estime laissent indifférente. »

La vieille femme dit : « Ô mon fils, mon cher Ahti, tu as déjà Kylliki à la maison ; rien n’est au-dessus de sa propre épouse, et il n’est pas d’usage que deux femmes se rencontrent dans le lit d’un seul homme. »

Le joyeux Lemmikäinen dit : « Kylliki s’est échappée dans le village. Qu’elle se livre aux gais ébats ! Qu’elle folâtre, dans chaque maison, au milieu des jeunes filles,

  1. Voir page 3, note 5.
  2. Voir page 51, note 2.