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dans les ténèbres et l’ombre de la mort, et cette lumière luit dans les ténèbres ; Isa. 9, 2 ; « le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui pourrais-je craindre ? » Psa. 26, 1 ; aussi oserai-je lui dire : « Votre parole, Seigneur, est le flambeau qui éclaire mes pieds, et la clarté qui luit sur mes voies. » Psa. 118, 105. Il sait que je suis au milieu des ténèbres de ce monde, et il m’a lui-même donné ce précepte : « Ayez les reins ceints, et dans vos mains des flambeaux éclatants. » Luc. 12, 35.
La prophétie continue : « Je porterai le poids de la colère du Seigneur, parce que j’ai péché contre lui, jusqu’à ce qu’il juge ma cause, qu’il se déclare pour moi, et qu’il me ramène à la lumière ; et je contemplerai sa justice. » Toute correction sur le moment paraît un objet, non pas de joie, mais de douleur, et plus tard elle portera un fruit pacifique de justice pour ceux qu’elle aura instruits. L’âme donc, sentant qu’elle a péché, qu’elle a les blessures des péchés, qu’elle vit dans des chairs mortes et qu’elle a besoin de cautérisation, ne cesse de crier au médecin : Brûlez mes chairs, amputez mes blessures, arrêtez toutes les humeurs nuisibles par une rebutante potion d’ellébore. C’est par ma faute que j’ai été blessée ; que j’aie en partage la douleur de tous ces tourments, afin que je recouvre la santé. Et le vrai médecin montre à l’âme déjà en voie de guérison le motif de sa médication infaillible, et lui fait voir qu’il a bien fait ce qu’il a fait. Enfin, après les souffrances et l’expiation, l’âme étant sortie des ténèbres extérieures et rentrée dans la lumière, s’écrie : « Je verrai sa justice », et je dirai : La justice de vos jugements a éclaté, ô mon Dieu. Or, puisque Jésus-Christ est devenu pour nous, par Dieu, la sagesse, la justice, la sanctification et la rédemption, 1 Co. 1, 1 ss l’âme qui dit qu’après la colère de Dieu elle verra sa justice, se promet la contemplation de Jésus-Christ. Voilà au sujet de ceux qui font pénitence. Au reste, il est de beaucoup préférable de n’être pas blessé, et de n’avoir pas besoin du médecin. La guérison n’est pas la béatitude des saints, mais un soulagement après la douleur. Que celui-là donc qui a été guéri prenne garde de ne point pécher de nouveau, de peur qu’il ne lui arrive pire qu’à sa première chute. Je lis dans le Lévitique, Lev. 13, 1 ss si toutefois je lis les yeux ouverts, et si le voile qui était étendu sur la loi n’exclut pas l’intuition de l’œil intérieur, que la lèpre s’engendrait souvent dans la cicatrice d’une brûlure, qu’elle changeait la couleur du poil et qu’à la difformité primitive de la cicatrice, elle ajoutait un aspect plus repoussant. Je dis cela de peur que quelqu’un, plein de sécurité dans la pénitence, parce qu’après avoir péché, il peut dire : « Je porterai le poids de la colère de Dieu, parce que j’ai péché contre lui, jusqu’à ce qu’il ait jugé ma cause », ne pèche et n’ait besoin du médecin, s’étant blessé de nouveau après avoir été guéri.
Lorsque le Seigneur nous aura ramenés à la