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la faim et le besoin à la place du mot « nation », qui en hébreu est écrit aggoi, les Septante ont mis « année », traduisant le mot grec ἔτος. Et voici le sens : L’année est déjà entièrement écoulée, et vous n’avez rien porté dans mes trésors, mais vous avez serré dans vos greniers les dîmes et les prémices qui m’étaient dues ; et c’est pour ne me les avoir pa3 payées, quoique vous n’eussiez pas fait un grand sacrifice, que vos terres ont été stériles et que vous n’avez eu aucune abondance de fruits. Mais pour que vous sachiez que cela est arrivé, parce que j’étais en colère de ce que vous m’avez volé la part qui m’appartient, je vous avertis et je vous exhorte à porter les dîmes dans les greniers, c’est-à-dire dans les trésors du temple, afin que les prêtres et les lévites qui me servent aient de quoi vivre. Si vous faites cela, je vous donnerai des pluies si abondantes qu’on croira que les cataractes du ciel ont été ouvertes. « Et je répandrai ma bénédiction sur vous pour vous combler d’une abondance de biens. » Le mot effusion exprime ici l’idée de largesse. Mais il peut se faire, à la vérité, que quoique les champs arrosés par les pluies soient fertiles, ils soient ravagés par les sauterelles, les chenilles et toutes sortes de vers rongeurs, et qu’ainsi soient perdus les travaux des hommes. C’est pour cela qu’on joint ensemble ce qui précède avec ces paroles : « Et je réprimerai en votre faveur les animaux qui dévorent les fruits », c’est-à-dire les sauterelles et les autres insectes destructeurs dont nous avons parlé ; et ils ne ravageront point les fruits de vos champs. Vos pressoirs aussi regorgeront de vin, et toutes les nations qui vous environnent seront étonnées de la fertilité de votre terre, au point que toutes désireront y habiter, et que, par l’abondance de tous vos biens, vous servirez d’exemple à tous les peuples. Ce que nous avons dit des dîmes et des prémices que le peuple donnait autrefois aux prêtres et aux lévites, entendez-le aussi pour les peuples de l’Église, auxquels il est ordonné, non seulement de donner les dîmes et les prémices, mais encore de vendre tout ce qu’ils possèdent et de le donner aux pauvres, et de suivre le Seigneur Sauveur. Matth. 19 et Mrc. 10, 1 seqq. Si nous ne voulons pas le faire, imitons au moins les commencements des Juifs, et donnons aux pauvres une partie du tout, et rendons aux prêtres et aux lévites l’honneur qui leur est dû. C’est pourquoi aussi l’apôtre dit : « Honorez les veuves qui sont vraiment veuves ; » 1Ti. 5, 3 ; et : Que le prêtre soit doublement honoré, principalement celui qui travaille à la prédication de la parole et de la doctrine de Dieu. Celui qui ne le fait pas est convaincu de fraude et de tromperie envers Dieu, et il est maudit et dans une indigence absolue, car celui qui aura semé peu moissonnera également peu, et celui qui aura semé avec abondance moissonnera aussi avec abondance. 2Co. 9, 6. Si quelquefois vous souffrez la faim, le besoin et le manque de