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sorte que si elle s’éloigne de nous, aussitôt nous offensons Dieu, et notre impiété nous couvre. Aussi de nouveau reprend-il : « Gardez votre esprit », non la chair, ceux qui vivent en elle ne peuvent plaire à Dieu ; non l’âme sensuelle, « l’homme animal ne perçoit point ce qui est de l’esprit », 1Co. 2, 1 seqq. mais l’esprit ; « parce que l’esprit interpelle pour nous par des gémissements ineffables. » Rom. 8, 26.

« Vous avez fait souffrir le Seigneur par vos discours, et vous avez dit : En quoi l’avons-nous fait souffrir ? En ce que vous dites : Quiconque fait mal est trouvé bon en présence du Seigneur, et ceux-là lui plaisent. Ou bien : Où se trouve le Dieu du jugement ? » Mal. 2, 17. Les Septante : « Vous avez provoqué le Seigneur dans vos discours, et vous avez dit : En quoi nous avons-nous provoqué ? En ce que vous dites : Quiconque fait mal est bon en présence du Seigneur, et c’est en eux qu’il se complaît ; et où est le Dieu de justice ? » Ce passage est pleinement traité dans le psaume soixante-deux, dont voici le commencement : « Que le Seigneur d’Israël est bon pour ceux qui ont le cœur droit ! Pour moi, mes pieds ont été presque ébranlés et mes pas presque troublés, parce que je me suis pris de jalousie pour les méchants en voyant la paix des pécheurs. Ils n’ont point à craindre pour leur mort, et ils sont comme affermis contre les maladies ; ils ne partagent pas les souffrances des hommes, et ils ne sont point frappés avec eux. » Psa. 72, 1 et seqq. Et ensuite : « Et j’ai dit : c’est donc sans fondement que j’ai purifié mon cœur et que j’ai gardé mes mains innocentes. » Le peuple, de retour de Babylone, voyant tous les peuples d’alentour, ceux-là mêmes qui adoraient les idoles de Babylone, dans l’abondance des richesses et en possession de la santé et de tout ce qui est estimé bien dans le siècle, tandis qu’il se voit, lui, qui à la connaissance de Dieu, accablé par la détresse, la souffrance et la servitude, est scandalisé et dit : Non, il n’y a pas de providence pour les choses humaines, tout arrive fortuitement et au hasard, et Dieu n’est en rien dans le gouvernement des choses ; bien plus, le mal lui plaît et le bien lui déplaît ; tout au moins, s’il discerne toute chose où est l’équité et la justice de son jugement ? C’est la question que l’esprit qui ne croit point aux biens futurs pose tous les jours à Dieu, en voyant les méchants dans la puissance et les saints dans l’abaissement, ceux-là regorger de toutes choses et ceux-ci n’ayant même pas les choses nécessaires à la vie, et quelquefois se trouvant frappés de cécité, de surdité, accablés, dans tous leurs membres, de plaies et d’infirmités, tels que l’Évangile nous représente Lazare, Luc. 16, 1 seqq. qui, à la porte du riche couvert de pourpre, désirait, pour soutenir sa propre vie, les miettes qu’on