Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

que des colons méchants ont mis à mort le fils du père de famille, Luc. 20, 1 ss elle est maintenant noire et abandonnée, et Isaïe, qui l’appelle Àriel, crie de la terre : « Voilé la tour de la fille de Sion », Isa. 29, 1 ss ou, d’après la traduction grecque de Symmaque : « Voilà la fille de Sion elle-même. » C’est jusqu’à elle que viendra Dieu, ou la puissance souveraine qui est le règne de la fille de Jérusalem. La puissance première ou la principauté première qui viendra jusqu’à cette tour, c’est celui qui avait dit : « Je suis l’alpha et l’oméga », le commencement et la fin, le premier et le dernier, Apo. 22, 13, et qui, selon la nature humaine qu’il a prise, s’exprime ainsi dans les Proverbes : « Le Seigneur m’a créé au commencement de ses voies, avant qu’il créât autre chose », Pro. 8, 22, ou, comme porte l’hébreu : « Le Seigneur m’a possédé », Canani signifiant, non pas « il m’a créé », mais « il m’a possédé » et il m’a eu. La puissance première et le règne de la fille de Jérusalem sont venus, afin qu’après la puissance souveraine il y en eut une seconde ; il dit de lui-même avec confiance : « Je suis la lumière du monde », et il donne aussi à ses disciples le privilège d’être appelés lumière du monde, en leur disant : « Vous êtes 1a lumière du monde. » Mat. 10, 14. lise donne dans l’Évangile le nom de vraie vigne, et il dit de ceux qui croient en lui : « Je vous ai plantés comme une vigne vraie, où je n’avais mis que de bon plant. » Jer. 2, 21. 11 est le pain vivant descendu du ciel, et il a permis à ses disciples de s’appeler pain ; aussi l’apôtre Paul s’écrie-t-il avec confiance : « Nous ne sommes tous ensemble qu’un seul pain. » 1 Co. 10, 17. La puissance souveraine et le règne entrent donc dans Jérusalem, de telle manière qu’ils y changent les fidèles en souverains et en rois. Quant à ce que portent quelques livres, que le règne viendra « de Babylone » à la fille de Jérusalem, les mots « de Babylone » sont ajoutés, puisque ni le texte hébreu, ni les autres interprètes ne les donnent. Les Septante me paraissent avoir fait allusion à la captivité de Babylone, pour signifier que le peuple sortirait de là pour venir à Jérusalem. La prophétie poursuit : « Et maintenant, pourquoi êtes-vous accablée de chagrin ? » ou, d’après les Septante : « Et maintenant, d’où vient que vous connaissez les souffrances », vous jusqu’à laquelle le Seigneur, la puissance souveraine et le règne, doit venir ? Pourquoi le chagrin vous accable-t-il maintenant, ou pourquoi connaissez-vous les maux ? La réponse suit aussitôt : C’est parce que vous n’avez plus de roi et que votre conseiller a péri que la douleur s’est saisie de vous comme d’une femme en travail ? ou plutôt, vous avez l’un et l’autre, mais, par votre faute, vous ne méritez le secours ni du roi ni du conseiller. Les mots : « D’où vient que vous connaissez les malheurs ? » s’entendent en ce sens que, de quiconque a mérité et enduré des souffrances, on dit qu’il connaît les maux et qu’il ne connaît pas les biens,