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« si le Seigneur des armées ne nous avait réservé quelques-uns de la race d’Israël, nous serions devenus semblables à Sodome et à Gomorrhe. » Rom. 9, 29. L’expression du texte hébreu est remarquable : « Je rassemblerai celle qui était boiteuse », celle qui marchait mal et à qui Élie avait dit : « Jusques à quand boiterez-vous ? » 1 Ro. 18, 21 ; son pied avait été coupé pour avoir été un sujet de scandale. Mrc. 9, 1 ss. Je la recueillerai, elle que j’avais chassée et répudiée, elle que j’avais affligée de différentes captivités, ou que j’avais livrée au diable et à ses anges. Et que le lecteur attentif ne me fasse pas cette objection : Eh quoi ! vous prétendez que celle qui était boiteuse a été rassemblée et que celle qui avait été chassée a été reçue de nouveau, alors que lés Juifs persévérèrent dans leur incrédulité ? La prophétie s’applique à la primitive Église de Jésus-Christ, à ceux qui crurent d’entre les Juifs ; les Apôtres en étaient. S. Luc rapporte, dans les Actes des Apôtres, qu’en un seul jour ils embrassèrent la foi au nombre de trois mille, Act. 2-4, et c’est d’eux que Jacques dit à Paul : « Vous voyez, mon frère Paul, combien de milliers de Juifs ont cru, et cependant ils sont tous zélés pour la foi. » Act. 21, 30. La portée des expressions de la prophétie est à considérer : elle ne dit pas : Je sauverai celle qui était boiteuse fout entière ; elle dit : « Je réserverai les restes de celle qui était boiteuse », en sorte que soient sauvés les restes, ceux que Dieu aura choisis, et que celle qui avait été si affligée soit changée en un peuple puissant, c’est-à-dire revêtue du nom chrétien, contre lequel ne prévaudront ni l’épée, ni les flammes, ni les tourments. Que l’on songe à la foi et à la constance des martyrs, et l’on décidera bien vite quel est ce peuple puissant. « Le Seigneur régnera sur eux », c’est-à-dire sur toutes les nations et sur les restes de la boiteuse, sur la montagne de Sion ou dans l’Église, dans la vision et la contemplation des vertus, depuis le temps présent et jusque dans l’éternité. Que si l’on veut entendre de l’âme de l’homme ces paroles : « Je rassemblerai celle qui avait été brisée, et j’accueillerai de nouveau celle qui avait été chassée, », etc, en ce sens qu’avant la venue de Jésus-Christ, elle était esclave des passions et des vices divers, et que, semblable à une brebis égarée et malade, elle avait été déchirée par la dent des loups, on ne se trompera point, à la condition toutefois de reconnaître qu’après avoir été brisée et affligée, elle doit être plus tard sous le sceptre du Seigneur, vivre dans Sion et être rapportée à la montagne primitive sur les épaules du bon Pasteur. Luc. 15, 1 ss. Il faut noter aussi que le texte que nous avons cité et celui qui lui est semblable en Isaïe, les Juifs et les héritiers de leur erreur le rapportent à l’empire de Jésus-Christ et des saints, en l’an mil, et que ce qui est dit : « Tous les peuples marcheront, chacun sous la protection du