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ou plutôt simuler cette vente – le Saint-Esprit ne peut ni se vendre ni s’acheter, – condamna l’argent offert avec celui qui l’offrait. Act. 8, 1 ss. De nos jours, au contraire, on voit les prophètes de Jérusalem, bien qu’ils n’aient pas la prophétie dans la bouche, se reposer sur le Seigneur en disant : « Les maux ne fondront pas sur nous ; » et c’est à cause d’eux que la charrue ennemie laboure la demeure de Dieu, que le séjour de la paix est réduit en un monceau de ruines, que le temple du Seigneur est changé en une forêt pleine de broussailles et d’épines qui est le réceptacle des bêtes. Qu’on ne s’étonne pas de lire au premier livre des Rois que Saül, voulant consulter Samuel, dit à son serviteur : Je ne puis aller le trouver, n’ayant pas d’argent pour lui payer sa réponse, et que le serviteur lui répondit : « Voici le quart d’un sicle d’argent qui s’est trouvé sur moi, je le donnerai à l’homme de Dieu, et il nous indiquera ce que nous devons faire ; » 1 Sa. 9, 8 ; l’Écriture ne dit pas que Samuel ait accepté, ou même que Saül lui ait offert ensuite ; bien plus, elle nous apprend que le prophète invita Saül à sa table et le fît manger avec lui. En admettant même que Samuel eût accepté ce quart de sicle, on doit considérer cela plutôt comme un droit du tabernacle que comme le prix de la prophétie, puisque le sicle vaut vingt oboles, et que cinq oboles sont le quart du sicle. Que nos prêtres, s’ils veulent vendre la prophétie, et faire du haut de leurs chaires le trafic des colombes, comme ceux dont le fouet du Seigneur renversa par terre l’argent, Jn. 2, 1 ss, se contentent de recevoir cinq oboles, au lieu de prendre le prix d’une villa. Même remarque au sujet du passage du troisième livre des Rois, où il est rapporté que la femme de Jéroboam, dont le fils était malade, alla trouver Achias, homme de Dieu, avec dix pains, un tourteau et un vase plein de miel. 1 Ro. 14,1 ss. Le livre dit ce qu’elle emporta, et nous n’y lisons pas que le Prophète, qui lui parla avec menaces et lui prédisit les maux à venir, reçut d’elle aucun présent. Il est probable que des gens qui avaient accoutumé de consulter les devins – car il y avait beaucoup de devins et de magiciens en Israël, – furent amenés par leur mauvaise habitude à penser des prophètes ce qu’ils pensaient des autres, et qu’ils voulurent offrir des présents à ces hommes saints, comme ils en apportaient aux faux prophètes ; c’est pourquoi l’Écriture rapporte ce qu’ils voulaient faire, mais elle n’ajoute pas qu’ils aient osé le faire, ou que les prophètes aient jamais accepté. L’apôtre Paul a dit : « Ceux qui servent à l’autel ont part aux oblations de l’autel et en vivent. » 1 Co. 9, 13. Il vous est permis, ô prêtre, de vivre de l’autel, mais non de l’exploiter pour vos passions. On