Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

mais nous serons trompés et nous ne trouverons pas le repos, parce que, quand Jésus-Christ n’éclaire pas celui qui se lève, ce qui paraît être le repos n’est que tribulation.
Les Septante : « À cause de votre impureté, vous avez été consumés par la corruption. » Ceci s’adresse à ceux qui, dans l’esclavage des voluptés de la chair et des passions, corrompent non-seulement leur cime, mais leur corps lui-même, étant amis des plaisirs plus que de Dieu. La prophétie pouvait dire aussi : À cause de votre impureté, vous vous êtes corrompus, et le sens eût été complet sans le mot corruption ; mais, d’après le grec, on peut rendre ce passage par : « Vous vous êtes corrompus dans la corruption », ce qui me paraît avoir été mis pour distinguer cette dissolution de celle qui précède le salut, et au sujet de laquelle l’Apôtre dit : « Encore qu’en nous l’homme extérieur se détruise, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » 2 Co. 4, 16. Celui qui porte sans cesse la mortification de Jésus dans son corps, et détruit l’homme extérieur, et soumet la chair à l’empire de l’âme, se dissout sans doute, mais non pas dans la corruption, puisque la dissolution qui s’opère en lui produit son salut.
« Vous fuyez, quand personne ne vous poursuit. » A ceux que, à cause de leur impureté, la corruption a dissous, il est dit, qu’ayant conscience de leurs péchés, môme abstraction faite des supplices, ils n’oseraient pas résister à leurs ennemis et les combattre.
De là vient que les trembleurs, dans le combat des saints, de peur qu’ils ne jettent l’effroi dans l’esprit de leurs frères, sont rejetés du camp et exclus des rangs militants, Deu. 20, et que, dans les malédictions du Lévitique, il est ainsi parlé aux hommes de cette sorte : « Le bruit de la feuille qui vole vous poursuivra, et vous fuirez, sans que nul vous poursuive. » Lev. 26, 36. Uu commentateur, expliquant ce verset de l’Évangile de Jean : « Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien n’a été fait », Jn. 1, 3, rapporte au mal le mot rien, et le mal étant pour lui le diable, par cette sorte de gradation, il a conclu que ce rien, qui a ôté fait sans Jésus-Christ, c’est le diable. Puis donc que le mal ou le diable est rien, et que ceux que la corruption a dissous ont fui, nul, c’est-à-dire rien, ne les poursuivant, le diable les a poursuivis dans le néant. Si cette explication paraît à qui que ce soit trop forcée, et amenée, contrairement à la simplicité des Écritures, plutôt par un artifice de langage que par une interprétation conforme à la vérité, qu’il suive notre première explication, ou celle qu’il trouvera lui-même.
« Plût à Dieu que je n’eusse point l’Esprit, et que je disse plutôt des mensonges ! Ma parole tombera sur vous comme un vin qui vous enivrera,