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Mrc. 14, 54… « Personne ne peut me ravir mon âme ; mais c’est moi qui quitte de moi-même ma vie, et j’ai le pouvoir de la reprendre. » Jn. 10, 17-18.

LIVRE II

J’écris, mon cher Cromatius, père vénérable, un second livre sur Habacuc, consacrant un opuscule à part à, son cantique, et abordant de toutes mes forces cette œuvre épique, composée à la manière des psaumes, c’est-à-dire d’un chant lyrique. Que l’hydre fasse entendre ses sifflements, et que Sardanapale, dont le nom couvert d’infamie ne rappelle qu’imparfaitement (d’après Cicéron) tout ce que ses vices avaient d’infâme, se répande en insulte contre nous ; continuons à marcher dans la voie où nous sommes entrés, et avec Laide de vos prières à vous, dont la vertu a triomphé de la chair, commentons cette prophétie des plus évidentes, touchant Jésus-Christ, dans le huitième Prophète, c’est-à-dire dans le nombre qui est le symbole de la résurrection de Notre-Seigneur.

« Prière du prophète Habacuc pour les ignorances. » Les Septante : « Prière du prophète Habacuc avec le cantique. » Aquila, Symmaque et la cinquième édition ont traduit comme moi : « Pour, les ignorances ; » Théodotion seul a dit : « Pour les fautes volontaires » ou « pour ceux qui pèchent d’eux-mêmes. » Je dis ceci pour qu’on voie qu’aucun traducteur, à l’exception des Septante, n’a écrit : « Prière avec le cantique. » Or, l’hébreu porte al segionotii, qui répond bien à notre traduction « pour les ignorances. » Voici le sens : Il avait d’abord tenu ce langage téméraire : « Jusques à quand, Seigneur, crierai-je vers vous, sans que vous m’écoutiez ? et pousserai-je des cris vers vous, dans la violence que je souffre, sans que vous me sauviez ? » et ensuite, dans la seconde plainte : « Pourquoi ne tournez-vous point vos regards contre ceux qui commettent les iniquités, et gardez-vous le silence, pendant que l’impie dévore celui qui est plus juste que lui ? » A cela, il lui avait été répondu : Écrivez ce que vous voyez, être tracez-le lisiblement sur des tablettes ; et à la fin de ce préambule : « Celui qui est incrédule n’a point l’âme droite ; mais le juste vivra de sa foi. » Après quoi, il avait appris que, soit Nabuchodonosor, soit le diable, soit l’Antéchrist avait été établi pour le jugement des pécheurs, et qu’il avait été fait fort pour le châtiment des nations. Maintenant, il fait pénitence, il déplore d’avoir parlé avec témérité, il demande pardon pour qu’il lui soit fait miséricorde, parce qu’il a péché par ignorance. C’est