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du péché, comme personne n’est sans péché [car Paul dit « car encore que ma conscience ne me reproche rien, je ne suis pas justifié pour cela » (1Cor. 4,4)] ; comment donc pourrait-il y avoir une résurrection selon vous ? Voyez-vous que c’est des corps qu’il prétend parler ? Et pour confirmer ce point, tout de suite il montre le Christ ressuscité dans sa chair. Ensuite il donne la cause. Car, je l’ai déjà dit, l’affirmation d’un fait, quand la cause ne s’y joint pas, n’obtient pas autant l’adhésion du grand nombre. Quelle est donc la cause ? « Ainsi parce que la mort est venue par un homme, la résurrection des morts doit venir aussi par un homme (21) ». Il est clair que si c’est paf un homme, c’est par un homme qui a un corps. Ce n’est pas tout voyez encore l’habileté d’un raisonnement qui établit encore autrement la nécessité de la déduction. Celui qui a été vaincu, doit nécessairement réparer sa défaite lui-même, relever la nature terrassée, vaincre lui-même, c’est ainsi qu’il lavera sa honte. Voyons de quelle mort il parle. « Car de même que tous meurent en Adam, tous vivront aussi en Jésus-Christ. (22) ». Quoi donc ? est-ce bien tous, répondez-moi, je vous en prie, qui sont morts dans Adam de la mort du péché ? comment donc Noé était-il juste dans sa génération ? et Abraham ? à Job ? et tous les autres ? Et maintenant, dites-moi, je vous en prie, est-ce que, tous seront vivifiés en Jésus-Christ ? Et où sont ceux qui sont emportés dans la géhenne ? Car si c’est du corps que l’on parle, le discours subsiste, mais s’il est question de la justice et du péché, il n’en est plus de même. L’apôtre donc ne voulant pas que cette vivification de tous soit regardée comme le salut des pécheurs, ajoute, « et chacun en son rang (23) », vous avez entendu parler de résurrection, mais n’allez pas croire que tous obtiennent les mêmes biens, et jouissent des mêmes récompenses. Car s’il est vrai que, dans le supplice, tous ne supporteront pas la même peine, s’il est vrai que la différence sera grande, à bien plus forte raison, entre les pécheurs et les justes il y aura une plus grande distance. « Jésus-Christ, le premier, comme les prémices de tous ; puis ceux qui sont à Jésus-Christ » ; c’est-à-dire, les fidèles et ceux qui sont justement estimés. « Ensuite la consommation (24). » Car quand ceux-là seront ressuscités, toutes choses recevront leur accomplissement : ce n’est pas comme maintenant, après la résurrection du Christ, que toutes choses sont encore en suspens. Et pour cette raison, l’apôtre ajoute, « à, son avènement », afin que vous compreniez que c’est de ce temps-là qu’il parle. « Lorsqu’il aura remis son royaume à Dieu son Père, et qu’il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance. (24) ».
4. ici, soyez attentifs, et voyez à ne rien perdre des paroles qui vous sont adressées, car nous livrons un assaut à nos ennemis. Voilà pourquoi il faut d’abord pratiquer la démonstration par l’absurde. C’est ce que Paul fait souvent : voilà le moyen le plus, commode de bien saisir ce qu’ils disent. Commençons par leur demander ce que signifie « Lorsqu’il aura remis son royaume à Dieu son Père ». Si nous prenons ces paroles sans y réfléchir, sans y voir ce qui convient à Dieu, ce royaume, Jésus-Christ ne le possédera plus à partir de ce moment, car celui qui a remis une chose à un autre, cesse dès lors de la posséder. Et ce ne sera pas là la seule absurdité ; mais il y aura encore cette absurdité que celui qui aura reçu se trouvera ne posséder qu’après avoir reçu. De sorte qu’à les entendre, le Père n’était pas roi auparavant, ce n’est pas lui qui nous administrait, et le Fils cessera d’être roi. Comment donc se fait-il que lui-même dit du Père : « Mon Père ne cesse point d’agir jusqu’à présent, et j’agis aussi (Jn. 5,17) ? » et que Daniel dit encore sur lui ; « Son royaume, royaume éternel, qui ne passera pas ? » (Dan. 2,44) Voyez-vous toutes les absurdités qui se montrent, tous les démentis donnés aux Écritures, si l’on prend ces paroles dans un sens humain ? Or ; quel est d’empire dont l’apôtre dit qu’il sera détruit ? L’empire des anges ? Loin de nous cette pensée. L’empire des fidèles, peut-être ? Ce n’est pas cela encore. Qui empire donc ? Celui des démons, dont il dit ailleurs : « Car nous avons à combattre, non contre des hommes de chair et de sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les princes du monde de ce siècle ténébreux ». (Eph. 6,12) En effet, leur empire maintenant n’est pas entièrement détruit, il ne cesse pas encore ; en beaucoup d’endroits ils l’exercent encore, mais alors ils cesseront leur domination. « Car Jésus-Christ doit régner, jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds (25) ». Ici encore une autre