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EXPLICATION SUR LE PSAUME V.


POUR LA FIN, POUR L’HÉRITIÈRE. – PSAUME DE DAVID.

ANALYSE.


  • 1. Héritage de l’Église : pourquoi elle n’entrera en possession que dans l’autre vie.
  • 2. Combien il est facile d’aimer son prochain. L’épouse et l’époux.
  • 3. Réflexions diverses sur la prière.
  • 4. Haine de Dieu contre les méchants. Sa miséricorde.
  • 5. Explication des mots : Sépulcre ouvert.
  • 6. Gloire et sécurité : réunies chez le seul juste.


1. Voyons d’abord quel est cet héritage, et s’il nous en revient une part ; puis le temps où nous devons hériter. Il serait bien étrange, quand vous vous montrez si inquiets, si préoccupés, au premier bruit d’un legs pécuniaire fait en votre faveur, si empressés à fouiller des livres, à consigner des sommes, à recourir aux pièces, à en transcrire la teneur, à déployer toute votre activité, de montrer de la tiédeur et de la négligence aujourd’hui qu’il s’agit de l’ouverture d’un testament spirituel qui attend son exécution d’une succession qui n’est point de ce monde. Approchons-nous donc, ouvrons les registres, examinons le texte de près, et voyons à quelles conditions cet héritage nous est laissé, et quelle en est la nature. En effet, ce n’est pas un héritage pur et simple, il y a une clause. Quelle est cette clause ? « Celui qui m’aime gardera mes préceptes » (Jn. 14,23) ; ou encore, « celui qui ne portera pas ma croix et ne marchera pas à ma suite » (Mt. 10,33) ; la même chose se retrouve dans plusieurs endroits du Testament. Enquérons-nous maintenant du temps, où la succession doit nous échoir. Ce temps n’est pas le présent, mais l’avenir ; ou plutôt, c’est à la fois le présent et l’avenir. « Cherchez le royaume de Dieu et toutes ces choses vous seront données par surcroît ; » le legs entier est réservé pour un autre temps. Car, la vie présente étant fragile, et nos âmes encore dans l’enfance, Dieu fait comme les législateurs du monde ; il attend que nous soyons mûrs, pour nous investir de notre patrimoine. C’est lorsque nous sommes arrivés à la maturité, à la plénitude de l’âge, et que nous avons quitté cette vie pour la vie éternelle qu’il nous met en main l’héritage promis. En attendant il a testé, il nous a laissé les pièces, il nous a dit ce qu’il fallait faire pour être mis en possession du legs, pour n’être pas évincés, déshérités. Va-t-on se préoccuper de ce que nous ne sommes pas encore en âge, et tenir pour suspecte la parole donnée ? Que l’on écoute alors le langage de Paul : « Quand j’étais petit enfant, comme un enfant je parlais, comme un enfant je pensais, comme un enfant je raisonnais ; mais quand je suis devenu homme, je me suis dépouillé de ce qui était de l’enfant. » (1Cor. 13,11) Voilà le présent et voilà l’avenir. – Ailleurs encore :