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considérer leur propre utilité, sans s’occuper du désastre qui tombe sur autrui ; ils arrêtent leur navire, jettent l’ancre, ferlent les voiles, jettent des câbles, lancent au loin des planches, afin que celui qui est submergé par les flots saisisse un de ces moyens de salut, et puisse ainsi échapper au naufrage. Imitez les matelots, vous qui portez le nom d’homme-, vous voguez vous aussi, sur une vaste mer, c’est la vie présente ; et cette mer renferme des monstres sans nombre, des pirates ; cette mer a des écueils, et des récifs ; cette mer est troublée par les flots et par les tempêtes ; et souvent dans cette mer s’engloutissent un grand nombre de naufragés. Quand donc il vous arrive de voir quelque passager, victime de la malice du démon, perdant la richesse du salut, emporté par le tourbillon, prêt à être submergé, arrêtez votre navire, n’ayez plus de pensées que pour le malheureux ; attachez-vous, avant toutes choses,.à son salut ; ne pensez plus à vous, car il ne peut pas attendre, il ne peut pas souffrir de délai, celui qui est sur le point de s’engloutir ; arrivez, arrivez vite, arrachez-le vivement du tourbillon ; saisissez-vous de tous les câbles, pour le retirer de l’abîme de la perdition ; eussiez-vous mille et mille affaires, vous entraînant ailleurs, que rien ne paraisse plus pressant pour vous, que le salut de celui qui est dans la détresse ; si peu que vous vouliez différer, vous le trahissez, vous l’abandonnez à la rage de la tempête. Dans de si grands périls ; il faut de la promptitude et du zèle. Voyez l’empressement de Paul à la vue d’un homme que l’abîme allait dévorer : Je vous prie, dit-il, dé lui donner des preuves effectives de votre charité, de peur, qu’il ne soit accablé par un excès de tristesse. (2Cor. 2,7-8) Il veut qu’aussitôt on lui tende la main, de peur, que pendant que nous différons, l’infortuné ne soit dévoré par l’abîme. Soyons donc pleins de soucis pour, les intérêts de ceux qui sont nos frères.
Voilà ce qu’il y a de principal, de principal dans notre conduite : ne pas considérer uniquement ces intérêts, mais corriger, fortifier ceux de nos membres que nous voyons pervertis. Voilà, de notre foi, la marque la plus éclatante ; c’est en cela, dit l’Évangile, que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. (Jn. 13,35) La charité sincère ne se déclare pas par la communion à la même table ; par une