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et sommeil. Qu’est-ce qui le prouve ? écoutez Jésus-Christ lui-même qui dit : Notre ami Lazare dort, mais je vais le réveiller (Jn. 11,11) ; car il était aussi facile au Maître commun de tous les mortels de le ressusciter, qu’à nous de réveiller un homme qui dort. Et comme cette expression était étrange et nouvelle, les disciples rie la comprirent pas, jusqu’à ce que le Fils de Dieu, condescendant à leur faiblesse, leur eût parlé un langage plus clair. Le docteur des nations, le bienheureux Paul, écrivant aux Thessaloniciens, leur dit. Je ne veux pas que vous ignoriez ce que vous devez savoir touchant ceux qui dorment, afin que vous ne vous attristiez pas comme font les autres hommes qui n’ont point d’espérance. (1Th. 4,12) Et encore ailleurs : Ceux qui dorment en Jésus-Christ sont-ils perdus sans ressource ? (1Co. 15, 18) Et encore : Nous qui vivons et qui sommes réservés pour son avènement, nous ne préviendrons pas ceux qui sont endormis. (1Th. 4,15) Et encore : Si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, nous devons croire aussi que Dieu amènera avec Jésus ceux qui seront endormis.
2. Vous voyez que partout la mort n’est plus appelée que repos et sommeil, et que cette mort, dont l’aspect était si terrible avant Jésus-Christ, est devenue méprisable depuis sa résurrection. Vous voyez le triomphe éclatant de cette résurrection glorieuse. Par elle, nous avons recueilli une infinité d’avantages ; par elle, les ruses du démon ont perdu tout leur effet ; par elle, nous méprisons la mort ; par elle, nous nous mettons au-dessus de la vie présente ; par elle nous marchons à grands pas vers le désir des biens futurs ; par elle, quoique revêtus d’un corps, nous pouvons jouir des mêmes privilèges que les puissances incorporelles. Aujourd’hui nous avons remporté une victoire éclatante ; aujourd’hui Notre-Seigneur, après avoir érigé un trophée contre la mort, et avoir détruit la puissance du démon, nous a ouvert, par sa résurrection, la voie du salut. Ainsi réjouissons-nous, tressaillons et triomphons. Quoique Notre-Seigneur ait triomphé seul, quoiqu’il ait érigé seul un trophée, la joie et l’allégresse doivent nous être communes.
C’est pour notre salut qu’il a opéré tous ces prodiges, et il a triomphé du démon par les moyens mêmes avec lesquels le démon nous avait vaincus ; il a pris ses propres armes pour le combattre. Écoutez comment : Une vierge, le bois, la mort, avaient été les moyens et les instruments de notre défaite. La vierge était Eve, qui n’avait pas encore connu Adam, lorsqu’elle fut trompée par le démon ; le bois était l’arbre, et la mort, la peine imposée au premier homme. Voyez-vous comme une vierge, le bois et la mort ont été les moyens et les instruments de notre défaite ? voyez comme ils sont devenus ensuite les principes et les causes de notre victoire. Marie a remplacé Eve ; le bois de la croix, le bois de la science du bien et du mal ; la mort de Jésus-Christ, la mort d’Adam. Vous voyez que le démon a été vaincu par les moyens mêmes avec lesquels il avait triomphé. Le démon avait renversé Adam avec le bois de l’arbre, Jésus-Christ a terrassé le démon avec le bois de la croix. Le bois de l’arbre a jeté les hommes dans l’abîme, le bois de la croix les en a retirés. Le bois de l’arbre a dépouillé l’homme de ses privilèges, et l’a enfermé comme un vaincu et un captif dans l’obscurité d’une prison ; le bois de la croix a élevé Jésus-Christ, et l’a montré à toute la terre, nu, cloué, et vainqueur. La mort d’Adam s’est étendue sur ceux qui sont venus après lui ; la mort de Jésus-Christ a rendu la vie à ceux qui étaient nés avant lui. Qui racontera les œuvres de lu puissance du Seigneur, et qui fera entendre toutes ses louanges ? Lorsque nous étions tombés, nous avons été relevés, de vaincus nous sommes devenus victorieux, nous avons passé de la mort à l’immortalité.
3. Tels sont les bienfaits signalés de la croix, telles sont les preuves frappantes de la résurrection. Aujourd’hui les anges tressaillent, toutes les puissances célestes triomphent, et se réjouissent du salut de tout le genre humain. En effet, si l’on se réjouit dans le ciel et sur la terre pour un seul pécheur qui fait pénitence, à plus forte raison l’on doit s’y réjouir pour le salut du monde entier. Aujourd’hui le Fils de Dieu a délivré la nature humaine de l’empire du démon, et l’a rétablie dans son ancienne dignité. Sans doute, quand je vois que mes prémices ont triomphé de la mort, je ne crains plus, je ne redoute plus la guerre, je ne considère point ma faiblesse, mais j’envisage la puissance de celui qui doit me secourir. Eh ! s’il a triomphé de l’empire de la mort, s’il lui a ôté toute sa force, que ne fera-t-il pas désormais