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sont de contempler l’éclat radieux du Seigneur, ils ouvrent leurs ailes pour s’en couvrir les yeux ; ils ne sont capables que de le glorifier, que de chanter des hymnes, que de faire retentir, saisis d’admiration, ce chant mystique par lequel ils l’exaltent. Et tu ne reculerais pas, tu ne te cacherais pas, tu ne t’ensevelirais pas sous la terre, toi qui veux avec tant d’impudence porter ta vaine curiosité sur la providence de ce Dieu, dont la puissance est inénarrable inexplicable, incompréhensible même pour les anges du ciel ! Ces secrets du Père ne sont tous clairement connus que du Fils et du Saint-Esprit : aucun autre ne peut les pénétrer. C’est ce qu’ont proclamé l’évangéliste Jean et l’apôtre Paul. Le fils du tonnerre, celui qui fut le disciple bien-aimé du Christ, et qui était désigné par ce titre (ce qui était une grande marque de vertu), celui qui obtint fine telle confiance de son Maître, qu’il reposa sa tête sur sa poitrine, Jean, parle ainsi : Nul n’a jamais vu Dieu. Par voir, il entend connaître : Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est le seul qui en a donné la connaissance. (Jn. 1,18) C’est ce que Jésus-Christ déclara lui-même, lorsque, s’adressant au peuple hébreu, il a dit : Personne n’a vie le Père, si ce n’est Celui qui est né de Dieu, car c’est celui-là qui a vu le Père. (Jn. 6,46) Paul, ce vase d’élection, comme son sujet l’amenait à parler du plan de la Providence, et qu’il voulait montrer comment il était arrivé à la connaissance des mystères, s’exprima en ces termes : Nous prêchons la sagesse de Dieu qui était un mystère, c’est une chose cachée, que Dieu avait destinée avant les siècles pour notre gloire, et qu’aucun des princes de ce monde n’a connue : car s’ils l’eussent connue, ils n’auraient jamais sacrifié le Seigneur de gloire. Mais comme il est écrit : Ce sont des choses que l’œil n’avait point vues, que l’oreille n’avait point entendues, et qui n’étaient point venues dans l’esprit de l’homme, et que Dieu avait, préparées à ceux qui l’aiment. (1Co. 2,7, 9) Comment donc, ô Paul, sommes-nous arrivés à cette connaissance ? Qui nous les a révélées, qui nous les a rendues manifestes, ces choses qua l’œil n’avait point vues, que l’oreille n’avait point entendues, et qui n’étaient point venues dans l’esprit de l’homme. Dis-le-nous, et montre quel est celui qui nous a donné une telle science. Mais pour nous, Dieu nous les a révélées par son Esprit. (1Co. 2,10) Mais aussitôt, de peur qu’on ne puisse penser que l’Esprit-Saint est borné aux connaissances que Dieu nous a révélées par lui, et qu’il ne possède pas toute la science, l’Apôtre ajoute : Car l’Esprit sonde toutes les choses, même ce qu’il y a de plus profond en Dieu. Car qui est-ce qui connaît ce qui est en l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme, qui est en lui ? De même aussi nul ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. (Id. II) C’est-à-dire : De même que l’homme sait ce qui est de lui, ce qu’il veut, ce qu’il pense, et qu’il sait tout cela très-exactement, de même le Saint-Esprit connaît aussi très-exactement tous les mystères de la science de Dieu. Lors donc qu’il dit : Nul ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu, il exclut de cette connaissance parfaite, non-seulement tous les hommes, mais même tous les esprits célestes. C’est pourquoi un sage nous donne ce conseil : Ne recherche pas ce qui est trop difficile pour toi, ne scrute pas ce qui dépasse ton intelligence, sache ce qui t’a été enseigné, car on, t’a instruit d’un grand nombre de choses qui dépassent l’esprit humain. (Ecc. 3,22-25) C’est-à-dire : Les connaissances que tu possèdes, tu ne les as pas toutes tirées de ton esprit ; ce n’est pas par la seule force de ta nature que tu as pu les avoir toutes ; c’est d’en haut qu’elles te sont venues pour la plupart, car elles sont trop grandes pour que ton intelligence ait pu les saisir ; pourquoi donc veux-tu, par tes propres forces, en trouver de plus profondes encore, lorsque la plupart de celles que tu as dépassent ton esprit ? C’est ce que saint Paul confirme par ces paroles Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? (1Co. 4,7) Cesse donc enfin de faire de si grands efforts, et écoute ce conseil plein de sagesse : Ne dis pas : qu’est ceci ? à quoi bon ceci ? car toutes choses ont leur utilité. (Ecc. 29,21)
4. C’est pourquoi, lorsque Moïse eut montré toute la création sortie du néant et brillante de toute sa beauté, lorsqu’harmonieuse, admirable, digne d’une profonde admiration, il eut déployé aux yeux l’œuvre divine, comme des hommes pleins de folie et de démence devaient un jour critiquer les ouvrages du Seigneur, réprimant d’avance leurs jugements ignorants et leurs paroles insensées, d’un seul mot il ferme leur bouche impudente : Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites, et elles étaient